L'Irak et les aides du FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) va aider l’Irak et sauver le pays de la faillite. La nouvelle a été annoncée cette semaine à Amman en Jordanie. L’Etat irakien est en effet au bord de la banqueroute, le coût de la lutte contre l’Etat islamique et la chute du prix du baril de pétrole ont vidé les caisses. Le FMI a, sur le principe, promis 15 milliards de dollars sur trois ans à l’Irak.

Avec notre correspondante à Amman, Angélique Ferat

Le ministre irakien des Finances avait le sourire. Il y a encore quelques semaines, l’Etat irakien annonçait qu'il ne pourrait peut-être plus payer les salaires de ses employés dès ce mois d’avril 2016. Le FMI, en bon docteur de l’orthodoxie budgétaire, a demandé des réformes à l’Irak avant de signer son accord pour un prêt de quinze milliards de dollars.

Il y a eu, ces derniers mois, une sorte de mise à plat budgétaire. L’Irak a commencé à payer ses arriérés notamment vis-à-vis des compagnies pétrolières. Bagdad a dû aussi faire l’inventaire de tous ses comptes bancaires et dresser un bilan comptable. Cela n’existait tout simplement pas.

L’Irak s’engage à augmenter les rentrées d’argent

Il y aura une augmentation des tarifs de l’électricité. Les Irakiens payent aujourd’hui 10% du coût de production. Mais pas sûr que cela soit facile à faire accepter dans un pays ou les coupures de courant sont toujours fréquentes. L’Irak s'est également engagée à diminuer sa masse salariale. L’Irak compte aujourd’hui 3,4 millions d’employés et 6 millions de retraités. Certains employés ne viennent quasiment jamais au bureau, d’autres sont fantômes. Bagdad proposera à ses fonctionnaires un départ négocié : ils peuvent partir tout en gardant un droit à une retraite et continuent de toucher la moitié de leur salaire.

Augmenter les taxes et notamment l’impôt sur le revenu... là, ce sera plus difficile dans un Etat désorganisé où une grosse partie de la population est déplacée par les combats et surtout où la pauvreté a explosé depuis deux ans. Mais c’est vrai que les taxes de douanes sont très faibles, l’impôt sur le revenu est inexistant... Le FMI a calculé que les taxes de douanes devraient être de 4 milliards de dollars, elles sont de 400 millions aujourd’hui. Enfin le pays va chercher à diversifier ses productions. Aujourd’hui le pays produit du pétrole et c’est à peu près tout.

Et la lutte contre la corruption ?

Toutes ces propositions sont logiques mais pas forcément applicables au contexte irakien. Le FMI a fait une analyse désincarnée du cas irakien. Et surtout personne n’a prononcé le mot corruption. L’inflation de la masse salariale est un moyen de maintenir une forme de paix sociale, tout comme le prix très bas de l’électricité. Les taxes douanières sont basses car l’Irak importe tout ou presque aujourd’hui. La lutte contre la corruption n’a pas été inscrite dans les conditions du FMI. Les Irakiens défilent depuis plus d’un an et demandent au gouvernement de saisir les biens des corrompus pour renflouer le budget. La corruption en Irak touche notamment la classe politique.

Si l’Irak applique toutes ces mesures et conseils. Sa dette explosera. Elle devra donc rembourser d’importants prêts...

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