Avec notre correspondante à Amman, Angélique Férat
Le mouvement de Sadr joue les chevaliers anticorruption. Les redresseurs de tort. Il capitalise sur la frustration des Irakiens. Moqtada Sadr a proposé une liste de 90 noms pour former ce gouvernement de technocrates. Il a même fait arrêter début mars par ses hommes, un proche, le député Bahaa al-Araji qui serait toujours dans la prison du mouvement sadriste à Najaf. La justice irakienne l’a accusé de corruption, sans qu’il soit inquiété.
Depuis une semaine, des manifestants pro-sadristes campent devant la zone verte, toujours avec des slogans anticorruption. La zone verte est une zone ultra protégée et fermée de Bagdad où résident ambassades et classe politique irakienne. Moqtada y est entré dimanche à pied, et s'est installé sous une tente. Il y a passé la nuit. Les autres partis chiites au pouvoir lui ont demandé à plusieurs reprises de stopper sa campagne, arguant que les manifestations pourraient devenir incontrôlables.
Les promesses de réformes faites l'été dernier sont restées cosmétiques. Depuis un an, dans tout le pays, des manifestations demandent l'arrestation des politiciens les plus corrompus et la confiscation de leurs biens. Ce bras de fer politique intervient alors que l'Etat irakien est, dit-on, au bord de la faillite. Il pourrait ne plus pouvoir payer les salaires le mois prochain.