Talibans afghans: lumière sur le double jeu du Pakistan

Pour la première fois, le Pakistan reconnaît héberger sur son sol la direction des talibans afghans. Alors que ces insurgés islamistes n'ont toujours pas répondu à l'invitation de se joindre aux pourparlers de paix avec Kaboul, Islamabad affirme faire pression sur eux.

Avec notre correspondant à Islamabad,  Michel Picard

Le Pakistan a menti pendant des années en refusant d'admettre que les principaux dirigeants talibans afghans avaient trouvé refuge sur son sol. C'est donc par la voix de Sartaj Aziz qu'Islamabad reconnaît pour la première fois publiquement ce qui n'était plus un secret.

Lors d'une visite aux Etats-Unis, le conseiller du Premier ministre pour les Affaires étrangères a justifié cette relation trouble en affirmant qu'elle permettait au Pakistan d'exercer un levier de pression contre les rebelles afghans.

« Les dirigeants des talibans afghans vivent au Pakistan, leurs familles sont ici. Ils peuvent recevoir des soins médicaux. Par le passé, nous leur avons déjà restreint l'accès aux hôpitaux pour les forcer à agir. S'ils ne participent pas aux futurs pourparlers, nous pouvons même les expulser », a expliqué Sartaj Aziz.

Des négociations de paix qui piétinent

Cette confidence du représentant diplomatique pakistanais intervient alors que les négociations de paix piétinent. Le retour des talibans afghans à la même table de discussion que Kaboul, déjà repoussé plusieurs fois, est prévu la semaine prochaine.

La plupart des dirigeants talibans auraient élu domicile à Quetta, ville du Sud-Ouest pakistanais qui leur sert de quartier général, à Peshawar dans le nord-ouest du pays ou encore à Karachi, la mégalopole du Sud.

Une transparence bien inhabituelle du Pakistan qui ne veut pas être tenu pour responsable d'un éventuel échec du processus de paix afghan.

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