Un commando armé a attaqué ce mercredi le campus de l'université de Bacha Khan à Charsadda, une ville du nord-ouest du Pakistan. Très impressionnante, la fusillade a été retransmise par les télévisions du pays, relate notre correspondant à Islamabad Michel Picard.
Le mouvement des talibans pakistanais a revendiqué cet attentat. « Nos quatre kamikazes ont mené l'attaque contre l'université de Bacha Khan aujourd'hui », a déclaré un commandant des insurgés, Umar Mansoor, joint par téléphone par l'Agence France-Presse.
Les cours avaient commencé que ces hommes lourdement armés ont pénétré dans le campus en escaladant un mur, après avoir blessé des gardes. Ils sont ensuite entrés dans les salle de classes et les dortoirs où ils ont ouvert le feu.
Au moins 21 personnes sont mortes, dont « des étudiants, du personnel et des gardes de sécurité », selon un bilan transmis par le chef de la police régionale Saeed Wazir. « La plupart des étudiants ont été tués par balles par les assaillants dans des résidences pour garçons », a-t-il précisé, faisant également état de plus de 30 blessés. Le site abrite jusqu’à 3 000 étudiants et recevait en plus 600 visiteurs pour un récital de poésie.
Un professeur de chimie mort en héros
Les troupes d’élite pakistanaises ont rapidement été déployées, troupes au sol, hélicoptères et blindés. « L'opération est terminée, les recherches sont en cours dans la zone qui est en train d'être dégagée par la police et les forces de sécurité », a fait savoir Saeed Wazir. L'assaut a abouti à la mort des quatre kamikazes abattus avant d'avoir pu actionner leurs ceintures d'explosifs. « Le nettoyage de l'université bâtiment par bâtiment se poursuit, aucun tir entendu », a tweeté dans la matinée le porte-parole de l'armée pakistanaise le général Asim Bajwa.
Le Pakistan s'est déjà trouvé un héros : Syed Hamid Hussain. Armé d'un pistolet, ce jeune professeur de chimie a fait face aux assaillants, sauvant ses élèves avant d'être tué. Cette attaque survient 13 mois seulement après le massacre par les talibans de 150 personnes, essentiellement des enfants, dans une école de la ville de Peshawar, à une trentaine de kilomètres de l’université. Une attaque qui avait traumatisé le pays tout entier et derrière laquelle se trouvait déjà Umar Mansoor.
Toutefois, le porte-parole du principal groupe taliban pakistanais s'est désolidarisé car selon lui, ni militaire ni représentants de l’Etat n’étaient visés lors de l'attentat d'aujourd'hui. Il promet de traîner le responsable de cette attaque devant les tribunaux talibans.