En Afghanistan, les talibans veulent taxer les opérateurs mobiles

En Afghanistan, les talibans, toujours en quête de nouveaux financements, ont décidé d'imposer une « taxe de protection » aux opérateurs de téléphonie mobile. Leur stratégie : les menacer de s'en prendre à leurs employés et à leurs infrastructures en échange d'un impôt garantissant leur sécurité.

De notre correspondante à Kaboul,

Les talibans ne sont plus au pouvoir depuis 2001 en Afghanistan mais cela ne les empêche pas de harceler le gouvernement et les populations depuis plus de 15 ans. Et les insurgés islamistes ciblent depuis longtemps les opérateurs de télécoms privés, en les forçant à suspendre, par exemple, leur couverture dans certaines zones pour éviter à leurs membres d'être repérés par les autorités. Ils ont aussi, par le passé, enlevé des ingénieurs, détruit des tours de transmission et ces attaques récurrentes ont causé des dégâts qui se chiffrent en millions de dollars.

Un besoin de financement

Aujourd'hui, les talibans font donc pression auprès des quatre opérateurs de téléphonie mobile afghans en s'inspirant d'un impôt officiel mis en place par les autorités au mois d'octobre, impôt plutôt lucratif puisqu'il avait rapporté en quelques jours plus d'un million de dollars au gouvernement. Bien inspirés, les talibans ont décidé de mettre en place cet impôt, bien sûr non officiel, pour continuer à financer leurs opérations terroristes à travers le pays.

Les opérateurs de téléphonie mobile dans le viseur

C'est la première fois que les talibans s'en prennent de façon aussi frontale aux opérateurs de téléphonie mobile. Il faut savoir que c'est l'un des rares secteurs lucratifs en Afghanistan. L'économie du pays est en pleine crise, mais ce secteur affiche un chiffre florissant de 150 à 200 millions de dollars de bénéfices par an. Il y a donc de quoi attiser la gourmandise des insurgés, qui doivent impérativement trouver de nouveaux fonds pour se battre sur plusieurs fronts.

Les talibans sont à l’offensive

Cette année, contrairement aux précédentes, il n'y a pas de trêve hivernale et les talibans continuent leur offensive contre les autorités qui, tant bien que mal, essaient de relancer des négociations pour la paix. Lundi 18 janvier, une conférence avait lieu à Kaboul pour établir une feuille de route dans cette direction. D'autre part,  un nouvel ennemi est aussi apparu sur le propre terrain des talibans, le groupe Etat islamique. Il y a donc fort à parier que cet impôt vise à pallier une baisse des revenus issus du narcotrafic en Afghanistan, signe encourageant même si le pays continuerait de produire 90 % du trafic mondial.

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