L'armée irakienne affirme être victorieuse à Ramadi

L’armée irakienne assure avoir repris le contrôle du centre-ville de Ramadi, dans la région d’al-Anbar. Une offensive a été lancée mardi 22 décembre, elle a d’abord échoué mais ce week-end, les forces irakiennes ont nettement progressé vers le centre-ville et le complexe gouvernemental, tombés aux mains du groupe Etat islamique en mai 2015. Ce lundi, de nombreux engins explosifs restent à désamorcer dans les décombres.

Avec agences et notre correspondante à Amman,  Angélique Ferat

Les déclarations de l’armée irakienne sont victorieuses et affirmatives : le complexe du gouvernement a été repris, c’est la fin du groupe EI à Ramadi. Et ce lundi 28 décembre, les militaires irakiens tentent de désamorcer les très nombreuses bombes et engins explosifs laissés sur place par les jihadistes du groupe Etat islamique. Il n'y aurait plus de résistance efficace malgré la présence de combattants de l'EI dans certains quartiers.

Dimanche en soirée, les forces irakiennes ont bel et bien progressé vers l’intérieur de la ville, mais elles étaient encore à environ un kilomètre du complexe gouvernemental. Des combats violents se sont déroulés le dimanche 27 décembre. Le groupe EI et l’armée irakienne tenaient chacun environ 50% du terrain. La progression était difficile : pour cause, des kamikazes, des tireurs d’élite et des bombes était placés dans tous les passages et les immeubles.

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Un enjeu stratégique pour l'armée

Ramadi est passé en mai dernier sous contrôle de l'organisation Etat islamique. Reprendre le chef-lieu de la province d'al-Anbar constitue une très grande victoire pour les troupes irakiennes.

Aidés par les raids aériens de la coalition internationale, les soldats irakiens ont pénétré relativement facilement mardi 22 décembre dans le centre de la ville. Ramadi se trouve à seulement deux heures de route de la capitale irakienne. Si l'offensive réussit, il s'agira de la deuxième grande ville regagnée par l'armée régulière après Tikrit.

Une victoire permettra de redorer le blason de l'armée, fortement critiquée pour les pertes de territoires au profit du groupe Etat islamique.

Des civils otages des combats

Au milieu de la zone de combat, des femmes en ont appelé à Liqaa Wardi, une députée irakienne, pour qu'elle demande un retour à la paix.


« Les médias irakiens ne parlent que de ce qui se passe dans le centre-ville »

Notre correspondante à Amman a rencontré Sheikh Ahmed, un rebelle irakien non affilié au groupe EI, originaire de Ramadi. Ses hommes se battent toujours dans la ville. Témoignage.

Les téléphones n'ont aucune tonalité, il n’y a plus d'internet. Depuis dimanche après-midi impossible d'avoir des nouvelles. Sheikh Ahmed raconte comment les bombardements ont mutilé quatre femmes de sa famille et comment certains de ses cousins ont disparu à des check-points. Il raconte les pénuries en eau potable et en nourriture. Il raconte comment l'armée irakienne a pénétré dans Ramadi par trois axes. Une grosse partie des troupes se dirige vers le centre-ville tenu par le groupe EI, où se trouvent les bâtiments du gouvernement régional.

« Personne ne répond à nos appels à l'aide. Les médias irakiens ne parlent que de ce qui se passe dans le centre-ville de Ramadi. Alors qu’en même temps les forces irakiennes attaquent les combattants des tribus dans d'autres quartiers, ils ciblent des zones résidentielles avec de l'artillerie tuant des civils. Et tout cela n'est pas couvert par les médias, s’emporte-t-il. Et on entend des hommes politiques à la télé assurant que la région d’al-Anbar sera libérée en 24 heures. Mais je vous le dis, al-Anbar ne sera pas libéré avant 24 années. »

Pour Bagdad, les tribus rebelles sont des terroristes comme l'organisation de l'Etat islamique. Sheikh Ahmed se redresse : « Nous nous battons pour notre liberté, assure-t-il. Nous avons manifesté pendant quinze mois et le gouvernement irakien nous a envoyé l’armée. C’est alors que nous avons pris les armes. »

Il soupire, abattu. Les atrocités commises par le régime irakien ne font que renforcer l’influence de l’organisation Etat islamique.

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