Syrie: l'Iran invité à Vienne, l'inflexion diplomatique des Etats-Unis

L’Iran participera vendredi 30 octobre à la séance de négociation sur la crise syrienne, aux côtés des Etats-Unis de la Russie, et des Européens, mais aussi de l’Arabie Saoudite. Ce sera la première rencontre entre John Kerry et la délégation arrivée de Téhéran, hors des négociations sur le nucléaire iranien, une inflexion de la politique américaine sur le dossier syrien. 

On ne saura pas qui a invité Téhéran. Le département d’Etat ne souhaite pas répondre à cette question. Mais le porte-parole de John Kerry a insisté cette semaine sur la nécessite de réunir tous les protagonistes si l’on veut avancer sur le dossier syrien, rapporte notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio.

Une invitation directe des Américains est peu probable. Lors des dernières négociations de Vienne, le secrétaire général de l’ONU avait finalement retiré son invitation à l’Iran, devant l’opposition formelle de Washington et Riyad. La Maison Blanche a donc dû donner son aval, comme le roi d’Arabie Saoudite, que Barack Obama a appelé en début de semaine. Moscou a sans doute fait le lien.

Cette reconnaissance de la réalité du terrain par les Américains se fait avec l’habituelle méfiance. Le département d’Etat insiste sur sa condamnation des activités iraniennes dans la région. « Rien de définitif ne devrait sortir de cette réunion de Vienne », ajoute le porte-parole de John Kerry. Il est vrai que les stratégies des pays présents sont loin d’être convergentes, que ce soit sur le sort de Bachar el-Assad ou la lutte contre les terroristes du groupe Etat islamique. Chacun se rend à Vienne avec ses arrière-pensées.

Le sort de Bachar el-Assad au cœur des débats

Et ces pourparlers s'annoncent très difficiles. Notamment et surtout concernant l'avenir du président el-Assad, qui constitue toujours le principal point d'achoppement entre les deux camps. La France et ses alliés occidentaux et arabes veulent négocier un calendrier précis de départ du président Assad.

La Russie insiste quand à elle sur la nécessité de son maintien jusqu'à la fin d'une période de transition. Une position également soutenue par l'Iran, mais catégoriquement rejetée par les rebelles syriens. Malgré les rivalités, la présence autour d'une même table de tous les partenaires pertinents sur le dossier syrien est un signe encourageant.

« Sortir de l'Enfer »

Les pourparlers internationaux sur la Syrie à Vienne représentent la meilleure chance de « sortir de l'Enfer », a lancé ce mercredi John Kerry, dans son discours consacré à la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient, devant le centre d'études Carnegie à Washington, avant son départ pour Vienne. 

« Au bout du compte, rien ne renforcera plus la lutte contre Daesh qu’une transition politique qui marginalise Assad. Nous devons en finir avec cette idée, que font circuler depuis des mois, à la fois Assad et Daesh, que la seule alternative pour les Syriens est l’un ou l’autre ! Vous avez soit le terrorisme, soit Assad ! Non, ce n’est cela le choix. 

Je retourne à Vienne pour reprendre les discussions avec un groupe de pays de plus en plus large, incluant l’Iran, qui se joint pour la première fois à une négociation multilatérale. Et bien que trouver une solution en Syrie ne sera pas facile, ce n’est pas gagné, c'est notre meilleure chance de trouver une ouverture politique, la meilleure opportunité de venir à la table de négociation, et de reconnaître qu’il y a forcément une solution politique, dont nous parlons depuis si longtemps.

Je suis sûr que nous pouvons trouver une solution, afin qu’un seul homme ne bloque pas toute opportunité de paix.», a déclaré John Kerry.

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