Dans le quartier musulman dela vieille ville de Jérusalem, les commerçants attendent désespérément le client, constate notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon. Mais les rues sont presque désertes. Avec les violences de ces dernières semaines, les touristes étrangers sont rares. Et les locaux, les Palestiniens, ne viennent plus beaucoup à cause des contrôles de sécurité.
Mohamed tient une boutique de souvenirs. Il confie : « Je vends des talits (châle) pour les juifs, des objets en bois pour les chrétiens, des keffiehs (foulard traditionnel palestinien) pour les musulmans, mais il n'y a pas de touristes, la situation est mauvaise. Regardez la rue, c'est la Via Dolorosa, elle devrait être pleine de gens, il n'y a personne. Regardez, les magasins restent porte close parce qu'il n'y a pas de travail. »
Près de là, dans le souk, entre les quartiers musulman et chrétien, Ahmed possède une boutique de vêtements. « On se fait entre 20 et 40 euros par jour et on a des taxes à payer, c'est le problème ! 40 euros par jour maximum, alors qu'en temps normal c'est autour de 1 000 euros chaque jour ! », déplore-t-il. Ces commerçants accusent le gouvernement israélien d'être responsable de la situation. Si les atteintes à l'esplanade des Mosquées s'arrêtent, disent-ils, les violences cesseront et les affaires pourront reprendre comme avant.
Baisse de l'activité aussi en Cisjordanie
En Cisjordanie, la situation n'est pas plus favorable. Situé en bas du mur israélien, le garage de Karim Nassodin tourne au ralenti depuis plus d'une semaine maintenant, indique notre correspondant Nicolas Ropert. Ce Palestinien affirme réaliser habituellement plus de 80 % de son chiffre d'affaires avec les Israéliens. Mais les tensions actuelles font fuir les clients. « Aujourd'hui, je n'ai reçu qu'une seule voiture. C'est une catastrophe. Comment je vais faire pour payer mon loyer de plus de 600 euros ? J'espère que ça va se calmer. Moi je veux simplement travailler. En ce moment je ne gagne pas un centime. Si ça continue, dans un mois je mets la clé sous la porte », se désole Karim Nassodin.
Comptable de profession, Mohammad Morrad travaille autant avec des Palestiniens que des Israéliens. Lui aussi a constaté une large baisse de son activité. « Nos clients nous appellent pour nous demander si on est ouvert ou si on est fermé. Même les Israéliens. Ils aimeraient venir. Nous on veut travailler avec eux, c'est bien pour eux et c'est bien pour nous. Ce sont davantage des amis que des clients. Mais l'armée leur répète qu'on est dangereux », rapporte Mohammad Morrad.
Les deux chefs d'entreprise ne s'en cachent pas : s'ils mettent leurs employés à la porte, il y a de fortes chances qu'ils rejoignent les manifestants qui affrontent l'armée quotidiennement.