De notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan
Depuis août, Lynn Bejjani est de toutes les manifestations. Enseignante de 32 ans, elle en a assez de la corruption, de la vie chère, des infrastructures défaillantes. Avec son mari, qui a vécu plusieurs années dans le Golfe, ils veulent un avenir plus serein pour leur fils, dit Lynn. Un dilemme : rester ou émigrer. « On réfléchit très sérieusement à savoir si l'on doit rester ou pas. Avec des manifs comme celles-ci, si cela passe bien, on pourra rester beaucoup plus facilement. C'est une lueur d'espoir que peut-être enfin les choses commencent à bouger au Liban. Les gens ne croient plus dans les personnes qui nous ont menées pendant toutes ces années. »
Fatima Awali, 20 ans, engagée dans le mouvement antisystème, se demande si elle devra partir une fois diplômée. Plus d'un jeune sur cinq est au chômage au Liban. Cette étudiante ne se voit pas vivre dans un pays qu'elle juge dysfonctionnel, elle espère des réformes : « Si j'ai rejoint le mouvement de contestation, c'est parce que je crois qu'il est contre le confessionnalisme au Liban. Ce confessionnalisme est à l'origine de nombreuses discriminations. Et puis, je ne m'habitue pas aux coupures d'électricité ou d'eau, et maintenant, aux déchets (autour de nous). Je veux vivre une vie normale ! »
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