De notre correspondant à Beyrouth,
Le Liban a décidé d'ouvrir ses écoles publiques aux enfants réfugiés syriens. Déjà, l'année dernière, quelque cent mille enfants syriens étaient scolarisés dans les établissements publics libanais. Pour l'année scolaire qui vient tout juste de commencer, ce chiffre sera multiplié par deux. Plus de 200 000 enfants syriens ont été admis dans 1 000 écoles publiques. Cette année, il y aura donc presque autant d'écoliers libanais que syriens dans les établissements publics du pays du cèdre.
Doubler en un an le nombre d'enfants scolarisés
Le concept de la scolarisation à double vacation est au cœur de la stratégie du gouvernement libanais. Les enfants libanais iront à l'école le matin et les mêmes salles de classe seront utilisées par les enfants réfugiés syriens l'après-midi. Mais cela n'est pas suffisant, surtout que le Liban veut scolariser, l'année prochaine, tous les enfants réfugiés. Pour cela, il faut construire de nouvelles écoles, grâce à des aides extérieures provenant d'Etats ou d'ONG. C'est le cas de l'association libanaise Kayani, qui a déjà construit quatre écoles, dont une en partenariat avec les œuvres de la jeune Pakistanaise Malala, prix Nobel de la Paix. Ces quatre établissements scolarisent au total 1 550 écoliers et écolières syriens.
Il y a aussi des initiatives personnelles, comme celle d'une antiquaire parisienne, Marie-Christine Boinet, qui a vendu le 12 septembre aux enchères à Paris son fonds de stocks de tissus anciens et d'objets d'arts pour le compte de l'association Syrie-L'école de l'espoir, qui s'occupe de la scolarisation des enfants syriens au Liban. Devant l'ampleur du défi, ces initiatives, louables certes, ne sont pourtant pas suffisantes.
Un vaste plan de l'ONU pour l'éducation
La plus grosse partie des financements viennent des Nations unies et du gouvernement libanais. Selon les estimations du ministre de l'Education, Elias Bou Saab, chaque place offerte à un enfant réfugié au sein des écoles publiques libanaise coûtera environ 1 800 dollars par an. Le Liban a demandé aux donateurs de contribuer à hauteur de 360 dollars par élève au cours de la première vacation et de 600 dollars par élève au cours de la deuxième. Les Nations unies ont répondu favorablement à cet appel et ont offert, cette année, une enveloppe de 94 millions de dollars pour couvrir les coûts d'inscriptions, les fournitures, et des fonds pour les parents. Cette initiative pourrait bénéficier à 166 000 écoliers libanais et 200 000 Syriens. Cette aide s'inscrit dans le cadre d'une vaste plan dévoilé début septembre par l'envoyé spécial de l'ONU pour l'éducation mondiale, Gordon Brown, pour scolariser un million d'enfants syriens réfugiés au Liban, en Turquie et en Jordanie.
Des efforts supplémentaires à faire
En fait, le financement nécessaire à la scolarisation ne constitue qu'une part du coût total de l'effort à fournir, comme le précise le ministre de l'Education. Certains enfants syriens ont besoin de soins médicaux et psychosociaux pour surmonter les traumatismes. Il faut aussi trouver et financer des moyens de transport. Enfin, et c'est très important, il faudra observer la réaction des parents libanais face à l'afflux de centaines de milliers d'enfants syriens dans les écoles publiques.