Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Pas moins de 400 000 électeurs kurdes étaient concernés par cette décision administrative, qui nécessitait une approbation de la direction collégiale du seul organe habilité à trancher sur les questions relatives à la tenue d’un scrutin électoral. Le gouvernement, en pleine lutte contre la rébellion kurde, estimait qu’en raison de problèmes de sécurité dans certaines circonscriptions, où des affrontements avaient eu lieu ces dernières semaines, la sécurité des opérations de vote n’était pas garantie.
Il recommandait donc le déménagement de certains bureaux de vote – jusque là sans nouvelle adresse précise. Un dispositif que même les Etats-Unis avaient critiqué. Le doute pesait en effet sur la liberté et l’indépendance du vote des électeurs, forcés de se déplacer pour remplir leur devoir électoral dans des zones à forte représentation kurde considérées comme soutenant le terrorisme.
Les opposants à ces mesures estimaient, eux, qu’il s’agissait surtout d’effrayer ou de dissuader, voire de punir un électorat hostile au pouvoir en place. L’AKP, jugeant que ce verdict était « illégal et irréaliste », a cependant promis de s’y plier, alors que l’opposition, elle, « jubile ».