Au moins 55 morts, plusieurs dizaines de blessés. Tel est le bilan d’un dernier raid aérien au Yémen, rapporté ce samedi par l’agence de presse Saba, réputée proche des rebelles houthistes que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite combat depuis le 26 mars dernier. Ce bombardement ciblait la ville de Taiz, dans le centre du Yémen, et plus précisément le quartier de Mokha, selon la source citée par Saba.
Pour rappel, la coalition de ces pays alliés du Golfe bombarde les rebelles houthistes, qui sont eux-mêmes soupçonnés d'être épaulés par l'Iran, grand rival de l’Arabie saoudite dans la région, en plus des unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. L’objectif de ces frappes, c’est de rétablir dans ses fonctions le président Abd-Rabbo Mansour Hadi, qui s’est réfugié en Arabie saoudite en février dernier, en s'appuyant sur ses fidèles au sol.
Le 14 juillet, les combattants yéménites pro-gouvernementaux ont d'ailleurs repris le contrôle de l'aéroport international d'Aden et d'une grande partie de cette ville portuaire du sud. Ce qui a permis à deux avions - un engin militaire saoudien puis un avion des Emirats arabes unis - d’atterrir au Yémen ces derniers jours. Outre la réouverture prochaine de l'aéroport, qui ne voyait plus aucun appareil arriver depuis plusieurs mois, l’enjeu prioritaire doit être de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à une population à bout.
Il y a en effet urgence. Plus de 3 500 personnes sont mortes au Yémen depuis le début de l'offensive, comme le rappelle l’agence de presse Reuters. Depuis des mois, le CICR exhorte toutes les parties au conflit à la retenue, soulignant avoir « de plus en plus de mal » à aider les civils sur le terrain. Eau, vivres, combustibles, il manque de tout dans ce pays en proie aux guerres, déplore le porte-parole de la délégation de la Croix-Rouge au Yémen, Shahïn Ammane, joint par RFI.
« Ce pays n’a que trop souffert »
« L’aide humanitaire n’arrive pas à entrer, explique Shahïn Ammane. Nous avons par exemple des bateaux qui sont affrétés depuis Oman, qui arrivent dans des ports où la sécurité est à peu près réglée, et à partir de là, toute la discussion tourne sur l’accès à ces victimes-là par des camions, par des convois. Nous devons toujours discuter avec les différentes parties au conflit pour pouvoir assurer l’acheminement de cette aide. »
Et de dénoncer « un blocus qui ne dit pas son nom », avant de pointer le problème de l’alimentation, « qui empire », et du fuel, « devenu pratiquement une denrée rare ». « Tout ce qui fonctionnait à l’époque au fuel, comme l’électricité, comme les systèmes de machineries hydrauliques, tout ça empêche la population de vivre normalement et les hôpitaux de tourner normalement. On est vraiment aujourd’hui dans une situation critique », déplore le porte-parole de la Croix-Rouge internationale.
Pour Shahïn Ammane, l'aide humanitaire ne suffira cependant pas à régler les problèmes dont souffre le Yémen. « Toute l’aide humanitaire que l’on pourra apporter à ce pays, et Dieu sait qu’il y en a besoin, ne sera jamais suffisante pour subvenir à ses besoins. Ce n’est pas une solution humanitaire qu’il faut aujourd’hui au Yémen, c’est une solution politique. »
Ce n'est qu'à cette condition que cesseront les combats, rappelle-t-il, « pour que le pays puisse revenir à une forme de vie normale, sachant qu’il lui faudra de nouveau quatre à cinq ans pour pouvoir revenir au niveau auquel il était avant cette dernière guerre qui a commencé le 26 mars ». Et Shahïn Ammane de conclure : « Ce pays n’a que trop souffert de ces multiples guerres qu’il a traversées. »