L'attentat s'est produit pendant la grande prière dans la mosquée Al-Imam al-Sadeq à Koweït City, au deuxième vendredi du mois de jeûne musulman. L'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, s'est rapidement rendu sur les lieux de l'attentat et des images de la télévision d'Etat l'ont montré dans les décombres, visiblement ému.
Le gouvernement s'est réuni en urgence alors que le ministre de l'Intérieur a encore élevé le niveau d'alerte, qui avait déjà été relevé il y a trois semaines après les attentats anti-chiites en Arabie saoudite, et mobilisé des forces de sécurité.
Appel à la guerre sainte durant le ramadan
Pour Hasni Abidi, auteur notamment de l'ouvrage Monde arabe entre transition et implosion, le groupe ultraradical sunnite EI considère en effet les chiites comme des hérétiques. « Il y a quelques semaines, le chef du groupe EI al-Baghdadi et ses lieutenants ont appelé à frapper tous les lieux de culte fréquentés par la communauté chiite, en Irak et dans les pays du Golfe.» Les chiites sont d'ailleurs selon lui les premières victimes du groupe Etat islamique, une « politique » qui date depuis l'invasion de l'Irak en 2003.
La semaine dernière, le porte-parole officiel de l’organisation EI a appelé les musulmans dans le monde à engager la guerre sainte durant le ramadan, qui a débuté le 17 juin, pour en faire « un mois de malheur pour les mécréants ». Pour Hasni Abidi, l'attentat d'aujourd'hui est donc « très important, parce que le Koweït est le deuxième pays après le Bahreïn, à avoir une communauté chiite assez importante [et] en frappant les chiites du Koweit, le groupe EI sait qu'il peut favoriser la déstabilisation de ces pays qui sont déjà fragiles du point de vue statégique, mais aussi de cohésion interne. »
« gagner la confiance et l'adhésion d'une majorité sunnite »
Avant de poursuivre: « C'est une façon pour l'organisation Etat islamique de se démarquer du chiisme et de l'Iran, et en même temps, d'essayer de gagner la confiance et l'adhésion d'une majorité sunnite, qui est très réfractaire et aussi hostile à l'Iran et à son expansionnisme dans la région. Au Liban, au Yémen, et dans d'autres pays. »
L'attaque de Koweït a été perpétrée le jour où la Tunisie était également frappée par un attentat particulièrement meurtrier, qui a fait au moins 28 morts, tandis qu'en France, un autre attentat avait lieu, sur les lieux duquel un homme a été décapité.