RFI : Qu’est-ce qui est à l’origine de cette opération le 26 mars dernier ? Les négociations du dossier nucléaire iranien à Lausanne ?
Général Ahmed al-Asseri : Non ! Dans notre relation avec l’Iran, il n’y a pas que le dossier nucléaire. Il y a des sujets plus importants encore. Leur comportement dans la région comme s’immiscer dans les affaires intérieures des pays, au Liban, en Syrie, en Irak, et au Yémen. Lorsque l’on a vu que la résidence du président Hadi avait été attaquée, ainsi que les comportements de ces milices ces dernières années à la frontière de notre pays, il fallait prendre une décision. C’est le roi Salman qui l’a prise, il a estimé que c’était le bon moment.
En prenant la tête de cette coalition de pays arabes, n’est-ce pas l’occasion pour l’Arabie Saoudite de constituer ce « front sunnite » ?
Pas du tout ! C’est un argument que les Iraniens et leurs alliés utilisent pour marquer leur territoire comme en Irak, au Liban. Là où les Iraniens sont en action, c’est pour créer des milices chiites. Nous, lorsque nous aidons le Liban par exemple, le gouvernement libanais, nous n’avons jamais dit : « ça c’est pour les chiites, ça c’est pour les sunnites ». Que fait l’Iran ? Il aide avant tout le Hezbollah, les milices chiites. Ces cinq dernières années, nous avons versé plus de dix milliards de dollars d’aides au gouvernement yéménite, nous n’avons jamais dit que c’était pour les sunnites. Alors, la création de ce « front sunnite », c’est un faux argument.
Quel bilan tirez-vous de cette opération « Tempête décisive » après deux semaines ?
Nous avons achevé la plupart des objectifs qui ont été définis au départ. Nous avons un contrôle de l’espace aérien. Actuellement, on travaille sur le terrain pour éviter que les milices et la partie rebelle de l’armée prolongent cette opération. On les prive de mouvement, on les prive de communication et donc il faut être patient. Prenons l’exemple de l’armée française. Elle est toujours présente au Mali... c’est normal !
Vous nous dites que cette opération peut durer ?
Non ! On ne dit pas que ça peut durer. Nous avons des objectifs à réaliser. Si les objectifs sont atteints, alors l’opération sera terminée. On n’est pas là, pour crier victoire. On n’est pas au Yémen en guerre contre le Yémen. Nous sommes là pour aider le gouvernement. Si le gouvernement yéménite nous dit de cesser, on cessera. Ne l’oublions pas nous nous sommes engagés, à l’appel du gouvernement yéménite. Et nous avons trois objectifs à réaliser : appuyer la légitimité du gouvernement, priver ces milices de leurs capacités militaires et éviter qu’elles nuisent aux populations yéménites et des pays voisins. Je peux vous assurer que l’opération se poursuivra tant qu’il le faudra.
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