Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
C'est la première fois que l'on entend la voix de l'Arabie Saoudite en dehors des conférences de presse. Le général brigadier Ahmed al-Asseri, 48 ans, a été désigné porte-parole officiel de la coalition par le ministre de la Défense Mohammed bin Salman. Cet ancien élève de l’école militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan, en France, est lucide voire prudent. Selon lui, l’opération ne va pas durer. Mais tant que la coalition n’a pas atteint ses objectifs, elle continuera aussi longtemps qu’il le faudra.
Et Ahmed al-Asseri explique pour quelles raisons : « Traiter des milices, ce n’est pas quelque chose de facile. C'est un travail de fourmis, il faut aller sur le terrain, collecter les informations, pour ne pas créer des dommages collatéraux. Ce n’est pas un travail classique contre une armée classique. » Et d'ajouter : « Si le Yémen nous demande de cesser, on cessera. » Mais ce, à condition que les objectifs définis au début soient atteints.
Le premier de ces objectifs, c'est d'appuyer la légitimité du gouvernement yéménite. Ahmed al-Asseri rappelle que c’est à l’appel du président Hadi que les Saoudiens mènent l'opération Tempête décisive. Le second objectif, c'est de priver les milices de leurs capacités militaires, afin qu’elles ne nuisent pas aux populations aux frontières entre le Yémen, l’Arabie saoudite et les pays voisins. En filigrane, et sans trop nous l’avouer, on comprend que ce conflit pourrait s’inscrire dans le temps. Autrement dit, s’enliser.
• L'ONU demande une pause d'au moins « quelques heures » par jour
Lors d'un point presse à Genève, le coordinateur des Affaires humanitaires des Nations unies au Yémen, Johannes Van Der Klaauw, a déclaré ce vendredi que « la situation se détériore d'heure en heure » sur le terrain. Pour permettre d'acheminer davantage d'aide dans le pays, il demande « une pause humanitaire immédiate du conflit ».
« Nous avons besoin de quelques heures au moins chaque jour », plaide-t-il, alors que sur le terrain, la population manque de tout : vivres, médicaments, eau potable, carburant, ambulances, etc. « La situation est particulièrement préoccupante, voire même catastrophique » à Aden, explique Johannes Van Der Klaauw, insistant sur le fait que la ville est en proie à des « milices incontrôlables ».