La proposition russe intervient alors que le nombre de victimes civiles au Yémen inquiète les ONG et tandis que beaucoup de pays ont du mal à faire évacuer leurs ressortissants du pays en proie au chaos. Le bilan des combats entre les partisans du chef de l'Etat, Abd Rabbo Mansour Hadi, et les rebelles chiites houthis, ainsi que des frappes aériennes menées par l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe le 26 mars, ne cesse de s'alourdir. Ces dix derniers jours, 185 personnes ont été tuées et plus d’un millier blessées à Aden, dans le sud du Yémen. Selon un bilan dressé jeudi 2 avril par Valérie Amos, responsable des opérations humanitaires des Nations unies, les combats et les bombardements ont fait 519 morts et 1 700 blessés dans tout le pays au cours des deux dernières semaines de combats.
Arrières-pensées diplomatiques
La proposition russe, qui doit être discutée par les quinze membres du Conseil de sécurité ce samedi, portera sur « de possibles pauses humanitaires dans les frappes aériennes », selon le porte-parole de la diplomatie russe à l’ONU, Aleksey Zaytsev. Une position qui peut apparaitre comme la voix de la raison, d'autant plus que d'autres pays, qui auraient pu prendre des initiatives humanitaires ou diplomatiques, ne l'ont pas fait. Par ailleurs, Moscou n'a plus d'intérêts directs au Yémen, notamment militaires. Les anciennes bases militaires soviétiques ont disparu à la fin des années 1980.
Mais l'initiative russe n'est pas non plus simplement humanitaire et dénuée d’arrière-pensées. Le Kremlin essaie de retisser son maillage d'influences, basé sur l'ancienne carte diplomatique soviétique. Un processus est bien visible au Proche Orient, dont la Russie a été exclue à l'exception notable de la Syrie. Maintenant que l'Occident n'essaie plus de renverser à tout prix Bachar el-Assad, Moscou marque aussi des points sur ce front. D’autant plus que, dans la région, ses relations sont bonnes, à la fois avec l'Iran et avec l'Egypte, après l’arrivée au pouvoir du président al-Sissi, et aussi avec Israël, grâce notamment à Avigdor Lieberman, le fondateur du parti des Juifs d'origine russe, Israël Beytenou.