Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir ce samedi pour évoquer une proposition russe, à savoir l'instauration de « pauses humanitaires dans les frappes aériennes » en cours au Yémen, l'avancée des rebelles houthis a déstabilisé les forces gouvernementales, et ce chaos ambiant sur fond de raids aériens étrangers profite à al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Comme l’organisation l'avait fait en 2011 avec le printemps arabe, Aqpa profite du désordre actuel pour renforcer son assise dans le Hadramaout.
Les jihadistes contrôleraient en partie la capitale de cette province du sud-est, la ville portuaire de Moukalla, à 500 km à l'est d'Aden. Jeudi, Aqpa y a attaqué la prison libérant 300 prisonniers, dont un de leurs chefs détenu depuis quatre ans, Khaled Batarfi. Les jihadistes ont ensuite pris d'assaut le siège de la province, la branche de la Banque centrale, les locaux de la police et des services de renseignement. Finalement, vendredi 3 avril, le quartier général de la 2e région militaire et son dépôt d'armes leur cédaient sans résistance.
Aqpa se fond dans une population locale sunnite hostile au gouvernement central, allié des Américains dans la guerre contre le terrorisme. Les raids de la coalition arabe redonneront-ils un second souffle à Aqpa? Alors que l’organisation Etat islamique a fait une entrée fracassante le mois dernier lors des attentats de Sanaa, Aqpa, le groupe fondé par Ben Laden, semble vouloir rappeler qu’il est l'acteur principal de la scène jihadiste au Yémen.