Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
Aux premiers jours de cette offensive, qui a débuté dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, la population saoudienne est passée du stade de l’étonnement, de l’observation pour finalement soutenir unanimement la coalition menée par le royaume. Il y a comme une sorte de fierté nationale. On le ressent bien. On peut ainsi frequemment lire des messages de soutiens publiés dans la presse locale.
En revanche, bien que l’Arabie saoudite soit un pays majoritairement sunnite, il ne faut pour autant pas occulter les chiites saoudiens qui représentent 20 % de la population, implantés principalement à l’est du royaume dans les sites pétrolifères. Des chiites soutenus à distance par Téhéran selon le gouvernement saoudien.
Ils suivent avec grand intérêt ce qui se passe au Yémen. Et il est évident que l’opération Tempête décisive pourrait à nouveau soulever un vent de contestation dans cette région. Les autorités saoudiennes, inquiètes, y ont renforcé la sécurité.
Certains Saoudiens ne souhaitent pas que l’Arabie saoudite s’engage dans une intervention terrestre. Il faut savoir que les 2 000 kilomètres de montagne qui séparent l’Arabie saoudite du Yémen présentent un terrain hostile. C’est beaucoup trop risqué. C'est la raison pour laquelle le Pakistan rejoint la coalition et envoie des troupes au sol, plus expérimentés que les Saoudiens, sur ce genre de terrain.
Si pour le roi Salman et son fils Mohamed ben Salman, jeune ministre de la Défense, cette opération Tempête décisive constitue un baptême du feu, il n’empêche que la population souhaite que cette guerre au Yémen ne s’enlise pas trop. Avec le temps, cela pourrait laisser des traces, des traumatismes indélébiles.
45 morts
Sur le terrain, au moins 45 personnes ont été tuées et 65 blessées dans un raid aérien qui a touché un camp de déplacés dans le nord-ouest du Yémen, ce lundi, affirme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Parallèlement à ces bombardements de la coalition menée par l’Arabie saoudite, des navires de guerre sont entrés en actions contre des forces de l’ancien président Saleh et des rebelles Houthis qui se dirigeaient vers Aden dans le Sud. Les milices chiites houthis ont pris position dans les faubourgs de l’ancienne capitale du sud. « Symboliquement si les Houthis sont à Aden, cela [voudrait] dire que l’unité du Yémen est reconstituée même si dans la pratique, les Houthis ne contrôlent qu’une petite partie du pays, explique Gilles Gauthier, ancien ambassadeur de France à Sanaa au micro de RFI. Mais ils contrôlent les deux anciennes capitales des deux Etats indépendants qui étaient le Yémen-Nord et le Yémen-Sud avant 1990. »
Mais, selon l'ancien diplomate, il va falloir que les Houthis s'implantent mieux s'ils veulent enlever le Sud aux autorités : « Les Houthis sont des gens du nord du Yémen, des tribaux, des guerriers mais la majorité des cadres du Yémen ne proviennent pas de cette région. Il faudra qu’une partie des gens de ces régions du Sud coopèrent avec les Houthis si les Houthis veulent instaurer un régime stable sur la totalité du territoire. »