Des tirs d'artillerie et de roquettes se sont abattus sur le carrefour d'Alam, situé non loin de l'aéroport d'Aden, selon des combattants fidèles au président Hadi chassé de Sanaa, la capitale, par les rebelles Houtis. Selon ces témoignages toujours, les miliciens chiites progresseraient à présent le long de la route qui longe les côtes de la mer d'Oman.
Aden est la dernière place forte encore tenue par les partisans du président Hadi. Elle reste assiégée par les rebelles Houthis malgré les vagues de bombardements de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Des bombardements pratiquement sans répit depuis cinq jours à présent.
Le raid en question aurait été mené par l'aviation saoudienne. Il visait un camion transportant des rebelles houthis à l'entrée du camp de Mazrak mais la plupart des victimes sont des femmes et des enfants, selon Médecins sans frontières. Le secteur de Mazrak, dans la province de Hajja, qui borde l'Arabie saoudite, accueille dans plusieurs camps des milliers de Yéménites qui fuient les combats entre miliciens houthis et forces gouvernementales, ainsi que des migrants venant d'Afrique de l'Est.
Réinstaller un gouvernement légitime
Pablo Marco, responsable de programme à Médecins sans frontières, explique à RFI avoir envoyé une équipe sur place pour soigner les blessés : « Ca fait deux jours que l’on a reçu les informations des autorités sanitaires et yéménites comme quoi il y avait de nombreux déplacements sur un camp de déplacés à Hajja et qu’il y avait des blessés qui arrivaient à l’hôpital, donc on a envoyé une équipe. Parmi les morts et les blessés, il y a beaucoup de femmes et d’enfants ».
Les frappes aériennes ont également visé des dépôts d'armes près du mont Nougoum, qui domine Sanaa.
Au nord d'Aden, dans la ville de Dhalea, des combattants Houthis soutenus par des forces fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, allié aux Houthis, ont bombardé des positions tenues par des miliciens sudistes. L'Iran, qui dément aider militairement les Houthis, a vivement condamné cette offensive arabe.
L'objectif final de l'opération est de réinstaller un gouvernement légitime et relancer le processus politique. « Nous allons y arriver », a commenté un diplomate du Golfe pour prouver la détermination de la coalition.
La coalition formée par l'Arabie saoudite bombarde les houthis depuis jeudi dernier. Ces miliciens chiites tiennent la capitale, Sanaa, depuis septembre. Le président Hadi a quitté le pays. Il a néanmoins participé ce week-end au sommet annuel de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Egypte. Le roi Salman d'Arabie saoudite se dit prêt au dialogue avec tous les partis politiques yéménites attachés à la sécurité et à la stabilité de leur pays sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe.
■ Le groupe Total évacue le Yémen
Le groupe pétrolier français Total a annoncé évacuer du Yémen ses employés expatriés à Sanaa et Kharir et réduit sa production de pétrole. Le groupe français est le premier investisseur privé au Yémen. Il détient près de 40% du capital de Yémen LNG, une usine de liquéfaction située à Balhaf, sur la côte sud du pays.
Cette usine représente de gros intérêts pour Total, estime Philippe Sébille-Lopez, directeur fondateur du cabinet Géopolia et spécialiste des enjeux énergétiques dans les pays producteurs d'hydrocarbures : « La production de Total au Yémen est importante en volume par rapport à la production de gaz naturel liquéfié : c’est 20% de la production du groupe au niveau mondial. Ensuite, la marge est aussi importante, surtout en revendant sur des marchés européens et asiatiques où les prix sont nettement supérieurs aux prix américains. »
Philippe Sébille-Lopez explique sur RFI que cette évacuation n’est pas définitive : « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il ya quand même eu depuis plusieurs années des tirs de roquettes à proximité des installations, ça n’a pas entrainé la fermeture des gazoducs. Mais avec le problème des Houthis, l’insécurité grandit. La stratégie des majors ,c’est une stratégie sur le long terme. Le projet GNL de Total au Yémen, c’est un projet sur vingt ans. On peut se poser la question : pourquoi un grand groupe comme Total est allé s’établir au Yémen dans un contexte aussi perturbé et durablement perturbé ? Ils ont dû penser que le jeu en valait la chandelle et probablement qu’au final ça sera le cas. Les compagnies ont l’habitude de faire le dos rond dans les moments de stress, mais ils reviendront. »