Avec notre envoyé spécial à Lausanne, Sami Boukhelifa
Ce samedi Laurent Fabius est le premier des ministres des Affaires étrangères des grandes puissances à atterrir en Suisse et ce n’est peut-être pas dû au hasard. Le chef de diplomatie française tient certainement à contrôler point par point un éventuel projet d’accord avant son adoption. Il rencontre son homologue américain John Kerry avant un déjeuner de travail auquel se joindra Frank Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères.
Pour Laurent Fabius, il est hors de question pour lui de laisser le scénario de 2013 se répéter lorsqu’Américains et Iraniens s’étaient entendus sur un texte finalement bloqué par Paris qui le jugeait peu exigeant vis-à-vis de Téhéran. Et c’est bien là tout le problème ! La France et les Etats-Unis ne semblent plus avoir la même définition d’un bon accord. La Maison Blanche se veut plus réaliste et serait davantage disposée à céder du terrain aux Iraniens. Mais à Paris les responsables français campent sur la ligne dure et prônent la fermeté dans les négociations.
« Je viens ici avec le souhait d’avancer vers un accord robuste, déclarait à son arrivée Laurent Fabius. L’enjeu, vous le savez, l’Iran a tout à fait le droit au nucléaire civil mais en ce qui concerne la bombe atomique, c’est non ! Les discussions ont été longues, difficiles. On a avancé sur certains points, sur d’autres, pas encore suffisamment. Evidemment, ce qui est très important, c’est le contenu même des engagements qui doivent être pris, mais aussi j’insiste, la transparence du mécanisme et le contrôle, pour qu’on soit sûr que les engagements pris sont respectés.»
L’unité affichée jusque-là par les grandes puissances semble prendre un sacré coup et cela n’échappe pas aux redoutables diplomates iraniens… Cette division est pour eux une bénédiction. Une brèche dans laquelle ils ne manqueront pas de s’engouffrer, leur but étant de tirer profit au maximum de cette situation.