Avec notre correspondante à Jérusalem
La famille Musallam nous reçoit chez elle, dans son appartement de Neve Ya’acov, une colonie israélienne de Jérusalem-Est. Elle habite ici « parce que c’est moins cher qu’ailleurs », dit-elle. Une famille arabe modeste, apparemment sans histoire, qui a perdu un fils, Muhammad, 19 ans, parti au jihad en Syrie, en octobre dernier.
« C’est l’Etat islamique qui a poussé mon fils à quitter Jérusalem et à les rejoindre, dénonce sa mère Idn Musallam. On lui a promis de l’argent, une femme et une maison. Il nous l’a écrit depuis la Syrie, sur Facebook ».
Muhammad aurait été assassiné par l’organisation Etat islamique, accusé de travailler pour le Mossad, les services secrets israéliens. Ahmad, l’un de ses frères, dément formellement : « Toutes ces accusations sont infondées. Je ne pense pas que le Mossad israélien enverrait un gamin comme mon frère espionner une organisation telle que l’Etat islamique. Il était jeune, il n’était ni engagé politiquement, ni un fanatique religieux ».
Suspecté d’appartenir au Mossad
Sa mère avance une explication : « Si on l’a tué, c’est parce qu’il voulait revenir à la maison mais qu’il en savait trop sur l’organisation Etat islamique, leurs caches d’armes, etc ». Idn Musallam n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’EI : « ces gens sont des barbares, ce ne sont pas des humains, ni des musulmans ».
La famille Musallam est Arabe israélienne, musulmane mais peu pratiquante. Le père, chauffeur de bus, la mère, femme de ménage, ont quitté le quartier palestinien de Beit Hanina à Jérusalem-Est pour vivre en face, dans la colonie israélienne de Neve Ya’acov. « Les appartements sont bien plus accessibles », explique Ahmad Musallam.
Mais chez certains Palestiniens, la famille Musallam n’est pas très bien vue. Elle habite une colonie israélienne, alors qu’elle est arabe, l’un des frères est policier. « Il est possible que Muhammad ait été enrôlé par le Mossad », affirme l’un de ses anciens camarades de classe, Youssef, 19 ans. « Si c’est le cas, je trouve qu’il a eu ce qu’il mérite, même si je suis attristé par sa mort ».
Muhammad est décrit par beaucoup comme un garçon discret, influençable. Comme lui, ils seraient plusieurs dizaines d’Arabes d’Israël à avoir rejoint le jihad en Syrie, de l’autre côté de la frontière.