Ankara s'engage un peu plus contre le groupe Etat islamique en Irak

Près de 30 000 soldats irakiens sont lancés depuis deux jours à la reconquête de Tikrit, ville stratégique et symbolique située à 160 kilomètres au nord de Bagdad. Mais leur progression est plus longue que prévu. Le groupe Etat islamique a placé des snipers et des explosifs sur leur route. Dans cette opération, l'armée irakienne peut compter sur l'aide de l'Iran qui a dépêché sur place le commandant de la force Qods, une unité d'élite de l'armée iranienne. Autre soutien, celui de la Turquie, qui a envoyé deux avions cargo chargés de matériel militaire à l'Irak. Un important revirement de la part d'Ankara.

Avec notre correspondant à Istanbul,  Jérôme Bastion

C’est un petit coup de théâtre. Jusque-là réticente, la Turquie a donné, mardi 3 mars, les premiers signes d’une participation concrète à la lutte contre l'organisation Etat islamique. En envoyant mardi à Bagdad une cargaison de matériel militaire destiné à aider l’armée irakienne, engagée dans la reconquête de la ville de Tikrit, Ankara a annoncé également sa participation future à la bataille pour la reprise de Mossoul, qui devrait intervenir d’ici un ou deux mois.

Il ne s’agit pour l’instant que d’une assistance en matériel non létal destiné à quelque 500 soldats, de l’équipement qui va de la veste d’assaut au casque en passant par des couvertures de survie et des tentes d’hiver. Mais le moment choisi pour sa livraison - le début de la bataille de Tikrit et la visite de deux jours du ministre turc de la Défense Ismet Yilmaz à Bagdad et à Erbil, une semaine après la venue à Ankara de son homologue irakien - indique une coopération nettement renforcée.

« La Turquie fait partie de la coalition et ceci est le signe de sa contribution directe », a commenté le ministre turc de la Défense, qui a déjà laissé entendre que son pays s’engagerait plus encore dans la future bataille de Mossoul. « Il ne serait pas surprenant que la Turquie ouvre ses bases aériennes à la coalition », a-t-il ajouté.

Plus évasif, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu souligne que « la stabilité de Mossoul constitue une mission de responsabilité » pour Ankara car le groupe « Etat islamique constitue une menace également pour la Turquie », estimant que toutes les options étaient sur la table. L’ancien gouverneur de Mossoul et vice-Premier ministre, Asil al-Jounaïfi, actuellement dans la capitale turque, affirme de son côté qu’un accord a été passé pour la livraison d’armes et la formation de 3 000 miliciens par la Turquie.

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