Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est un petit coup de théâtre. Jusque-là réticente, la Turquie a donné, mardi 3 mars, les premiers signes d’une participation concrète à la lutte contre l'organisation Etat islamique. En envoyant mardi à Bagdad une cargaison de matériel militaire destiné à aider l’armée irakienne, engagée dans la reconquête de la ville de Tikrit, Ankara a annoncé également sa participation future à la bataille pour la reprise de Mossoul, qui devrait intervenir d’ici un ou deux mois.
Il ne s’agit pour l’instant que d’une assistance en matériel non létal destiné à quelque 500 soldats, de l’équipement qui va de la veste d’assaut au casque en passant par des couvertures de survie et des tentes d’hiver. Mais le moment choisi pour sa livraison - le début de la bataille de Tikrit et la visite de deux jours du ministre turc de la Défense Ismet Yilmaz à Bagdad et à Erbil, une semaine après la venue à Ankara de son homologue irakien - indique une coopération nettement renforcée.
« La Turquie fait partie de la coalition et ceci est le signe de sa contribution directe », a commenté le ministre turc de la Défense, qui a déjà laissé entendre que son pays s’engagerait plus encore dans la future bataille de Mossoul. « Il ne serait pas surprenant que la Turquie ouvre ses bases aériennes à la coalition », a-t-il ajouté.
Plus évasif, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu souligne que « la stabilité de Mossoul constitue une mission de responsabilité » pour Ankara car le groupe « Etat islamique constitue une menace également pour la Turquie », estimant que toutes les options étaient sur la table. L’ancien gouverneur de Mossoul et vice-Premier ministre, Asil al-Jounaïfi, actuellement dans la capitale turque, affirme de son côté qu’un accord a été passé pour la livraison d’armes et la formation de 3 000 miliciens par la Turquie.