Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Twitter est devenu, ces derniers mois, l’outil de communication privilégié pour un grand nombre d’hommes politiques libanais, notamment ceux qui limitent leurs déplacements pour des raisons de sécurité ou qui se rencontrent rarement en raison des divergences qui les séparent. Twitter leur permet de réagir aux événements plus rapidement qu’une conférence de presse ou qu’une interview, et de toucher la diaspora libanaise comptant des millions de personnes dans le monde.
Mais tous ces politiciens ne font pas le même usage de Twitter. Beaucoup se contentent d’exprimer un point de vue et de commenter un événement. D’autres l’utilisent pour adresser à leurs adversaires des amabilités pleines de sous-entendus. C’est le cas du chef chrétien Samir Geagea qui a souhaité, début février, un joyeux anniversaire à son principal rival Michel Aoun, en espérant qu’ils parviendront à conclure un accord politique avant son prochain anniversaire, dans un an. Ils sont tous deux candidats à la présidence de la République, un poste vacant depuis dix mois. Michel Aoun a rapidement réagi en le remerciant pour ses vœux, mais en espérant que cette entente intervienne avant la fin de la période du carême.
Samir Geagea a aussi choisi Twitter pour répondre aux critiques du leader de la communauté druze Walid Joumblatt, qui a fait assumer aux chrétiens la responsabilité de la vacance de la présidence. Samir Geagea a publié sur son compte : « A l'attention de mon ami, Walid Joumblatt, ce qui empêche l'élection d'un président ce ne sont pas "les conflits intérieurs byzantins" mais le boycottage des séances électorales par certains blocs parlementaires ». Il a aussi adressé une réponse similaire à travers Twitter au président du Parlement Nabih Berri, qui a formulé, indirectement, les mêmes critiques que Walid Joumblatt à l'adresse des chrétiens.
Enfin, certains utilisent Twitter comme agence de presse comme l’ancien Premier ministre Saad Hariri qui passe son temps entre Paris et Riyad pour des raisons de sécurité. Son compte est géré par une équipe de spécialistes qui informe le public d’une manière continue des activités, des rencontres et des déplacements du leader sunnite. Des tweets, mais aussi beaucoup de photos et de vidéos.
Si tous ces politiciens ont un compte, ils ne sont pas tous aussi actifs et leur nombre d’abonnés diffère. Saad Hariri en a 460 000, Samir Geagea plus de 110 000, Michel Aoun est à 27 000, d’autres quelques centaines seulement. Mais ils interviennent tous les jours. Ce n’est pas le cas du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui dispose d’un compte, mais dont le dernier tweet remonte au 25 juillet 2014. Ou de Nabih Berri qui s’est exprimé la dernière fois le 13 septembre.