L'otage française Isabelle Prime a été enlevée mardi à Sanaa, dans le quartier des ambassades, avec son accompagnatrice. A l'heure actuelle, Paris n'a toujours pas reçu de revendication. Les autorités françaises ont appelé à la libération des deux jeunes femmes « dans les meilleurs délais » assurant que tout était mis en œuvre pour leur localisation.
Ce matin, surFrance Info, le chef de la diplomatie a de nouveau demandé aux ressortissants français de quitter le Yémen. « Il nous reste malheureusement encore un certain nombre de Français là-bas. On ne peut pas les obliger à partir, mais je leur redis l’ordre d’évacuation qu’on leur avait déjà donné il y a deux semaines », a dit Laurent Fabius.
Les Houthistes aux commandes à Sanaa
Le Yémen est un pays instable où la milice Houtiste a pris le pouvoir et où al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) prospère depuis des années. Aqpa, les Houthistes, deux groupes armés au Yémen et deux pistes sérieuses. Même si leurs motivations sont différentes, les deux organisations pourraient être à l’origine de l’enlèvement de la jeune ressortissante française. Côté Houthistes, les raisons d’un éventuel rapt pourraient être politiques ou crapuleuses. Al-Qaïda, quant à elle, a fait des ressortissants occidentaux une cible prioritaire.
Alors comment prendre contact avec les ravisseurs ? Les forces actuellement en place au Yémen sont les Houthistes qui contrôlent la capitale Sanaa et les forces tribales. « C’est peut-être par là que l’on peut effectivement réussir à entrer en contact avec les ravisseurs, explique Gilles Gauthier, ambassadeur de France au Yémen de 2006 à 2009. C’est compliqué, mais nous avons des amis dans toutes ces grandes confédérations tribales et nous sommes certainement en train de les contacter. Les Houthistes ont intérêt à favoriser cette libération parce que s’ils parviennent à faire libérer cette ressortissante française, cela voudrait dire que leur pouvoir est effectif. S’ils n’y parviennent pas, ça montrera les limites de leur nouveau pouvoir. »
Le Yémen au bord de la guerre civile
Le Yémen est sans président et sans gouvernement depuis plusieurs semaines. Sanaa est aux mains des Houthistes. Cette puissante milice chiite contrôle également une bonne partie du pays.
Fin janvier, les Houthistes ont lancé une vaste offensive contre le palais présidentiel et le siège du gouvernement. Depuis, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a été contraint de démissionner - il est revenu hier sur sa décision. Il a trouvé refuge dans le sud, à Aden, et c’est à partir de là qu’il compte lancer son offensive pour reprendre le pouvoir.