Alep est une ville stratégique explique Fabrice Balanche, géographe et spécialiste de la Syrie. « C’est la deuxième ville de Syrie, la capitale du Nord, précise Fabrice Balanche, à partir d’Alep on contrôle tout le nord-ouest de la Syrie ». Alep peut servir de point de départ au régime de Bachar el-Assad pour « reprendre les territoires périphériques selon la technique de la tâche d’huile ». Or, pour ramener la population vers lui, le régime a besoin de victoires : « sa capacité à reprendre du territoire est sa meilleure arme idéologique pour ramener la population vers lui et s’il reprend Alep d’ici l’automne 2015, cela signifiera qu’il sera en capacité de reprendre (le contrôle de) l’ensemble du territoire syrien » poursuit Fabrice Balanche.
Le calendrier de l'offensive lancée par l'armée s'explique aussi par l'avantage que lui donne la période hivernale. « Les rebelles souffrent du froid, de l’humidité… Il faut les attaquer surtout en hiver parce qu’au printemps les conditions sont meilleures pour résister. Le timing est aussi favorable puisque l’on est dans la dynamique de la victoire kurde à Kobané. L’organisation Etat islamique est plutôt sur la défensive et ne pense pas se lancer à la conquête d’Alep ».
La « trêve Mistura »
Dans ce contexte, on apprenait hier que le président Bachar el-Assad aurait accepté d’arrêter pendant six semaines les bombardements et les tirs d’artillerie dans la ville d’Alep, rapporte notre correspondante à New York, Marie Bourreau. « Je suis sans illusion, mais je veux garder espoir » a dit l’envoyé spécial à l’issue de son audition par le Conseil de sécurité, conscient que les précédents cessez-le-feu, notamment à Homs, n’ont jamais été respectés.
L’idée de ce gel des combats est de permettre un corridor humanitaire dans une ville assiégée depuis plus de trois ans et divisée entre forces loyalistes et forces rebelles. Staffan de Mistura aurait aussi indiqué au conseil que 54 % des personnes vivant dans les zones tenues par les rebelles étaient favorables à un cessez-le-feu.
La Coalition nationale syrienne a immédiatement réagi en se disant prête à étudier elle aussi une proposition. Staffan de Mistura doit repartir prochainement pour la Syrie et Alep où il espère pouvoir organiser cette trêve très rapidement. Un bon « plan d’action » estime t-il avant de pouvoir envisager un plan de paix.