Syrie: la neige sur les ruines et les camps de réfugiés [en images]

La tempête de neige qui s'est abattue sur le Moyen-Orient ces derniers jours frappe durement les populations fragilisées par la guerre. On dénombre des victimes en Syrie. Les organisations internationales s'inquiètent pour les réfugiés syriens qui vivent dans les pays voisins, souvent dans des conditions très précaires. Le Haut commissaire des Nations unies aux réfugiés, en visite en Jordanie, a lancé un appel à l'aide.

En Syrie, des températures inférieures à zéro degré ont déjà fait onze victimes, dont sept enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. D'après cette ONG, tous ces décès par hypothermie sont survenus dans des zones tenues par la rébellion syrienne, notamment à Alep, dans le nord du pays. Le froid et les précipitations s'abattent aussi sur les réfugiés syriens dans les pays frontaliers, notamment au Liban.

Une organisation humanitaire présente sur place décrit une situation catastrophique dans la région de Zahlé, dans la plaine de la Bekaa, où certains camps de réfugiés sont inondés.

Des distributions de bâches et de couvertures sont en cours. Mais certains secteurs restent difficilement accessibles. De son côté, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) annonce qu'il renforce son aide aux pays de la région qui accueille des réfugiés ou des déplacés. L'Unicef fournit des vêtements chauds, des couvertures, des systèmes de chauffage, ainsi que des bons d’achat à plus de 900 000 enfants en Syrie, en Irak, au Liban, en Jordanie et en Turquie.

Appel à l'aide du HCR : il faut plus d'argent

Le Haut Commissaire aux réfugiés des Nations unies a lancé un nouvel appel pour les réfugies syriens ce mercredi lors d’une visite en Jordanie, rapporte notre correspondante à Amman, Angélique Ferat.

Antonio Guterres, a présenté un rapport selon lequel les deux tiers des réfugiés syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté en Jordanie en raison du manque de fonds et de moyens des agences des Nations unies et des ONG.

Le rapport est sans appel : les deux-tiers des réfugiés syriens en Jordanie vivent avec moins de 3 dollars par personne par jour. Dans les trois camps de réfugiés, la situation est à peu près stable, mais 84% des réfugiés vivent en ville ou dans des villages. Et ceux-là s’appauvrissent et vivent dans des conditions de plus en plus difficiles. Pas de chauffage, pas de quoi manger.

En cause, un sous-financement de la crise humanitaire syrienne, souligne Antonio Guterres : « Les besoins pour 2014 ont été financés à hauteur de 54% pour la région et de 58% pour la Jordanie, explique le Haut Commissaire aux réfugiés. Et je ne parle d’une réponse humanitaire idéale, je parle de besoins de bases pour assurer la survie de ces réfugiés ».

Les pays hôtes ont aussi besoin de recevoir l’aide internationale pour équiper les écoles, ou assurer des services dans des agglomérations qui grossissent avec l’arrivée de réfugiés. Depuis début décembre les réfugiés syriens ne peuvent plus recevoir des soins gratuits dans les hôpitaux publics jordaniens. Les autorités disent ne plus pouvoir faire face à l’explosion du nombre de patients.

« Les réfugiés payent un loyer, c'est toute leur vie qui est là »

L'ONG Medair a évalué les besoins des réfugiés vivant dans des campements de la région à proximité de Zahlé. Après s'être retrouvés dans la neige, les réfugiés risquent à présent de faire face à des inondations. Megan Fraga, chargée de la communication de l'ONG Medair explique comment les ONG leur viennent en aide :

« Comme les températures remontent, la neige fond et les camps vont être inondés. Nous nous tenons prêts à distribuer des kits anti-inondation, c'est-à-dire une planche de contreplaqué et des blocs pour surélever les tentes, pour que les gens ne dorment pas dans l'eau.

En fait, les réfugiés payent un loyer, c'est toute leur vie qui est là. Et les tentes ne sont pas très mobiles, certains ont investi beaucoup d'argent, parfois des milliers de dollars, pour en faire un véritable foyer.

Beaucoup vivent là depuis des années. Ce n'est pas facile de les déplacer. Et la météo prévoit que la neige va recommencer à tomber dans les jours à venir. Quand il neige, les routes sont verglacées. Et comme il ne neige pas très souvent dans la Bekaa il n'y pas de système de déneigement efficace. Donc, en fonction du temps qu'il va faire, il faudra que nous adaptions nos interventions ».

 

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