Le Danemark partagé sur l’accueil de ses réfugiés

La visite d’un leader politique danois dans un camp de réfugiés syriens en Jordanie relance un débat pour le moins houleux dans le pays : comment appréhender l’avenir de ces milliers personnes au Danemark ?

De notre correspondante à Copenhague,

Morten Østergaard, le président du parti social-libéral Radikalvenstre a visité mi-décembre le deuxième plus grand camp de réfugiés du monde, Zaatari, en Jordanie. Ce camp accueille actuellement 83 000 réfugiés syriens. Morten Østergaard y a d’abord exprimé son émotion face à ce qu’il a pu voir à Zaartari. Il a aussi évoqué son désir d’intégrer les réfugiés dans son pays, le mieux possible, le plus rapidement possible, grâce à des cours de danois et de l’aide à l’emploi. Mais, surtout, il a déclaré : « Tout le monde sait que les milliers de réfugiés syriens qui sont arrivés au Danemark au cours des derniers mois ne sont probablement pas là que pour une courte visite ». Et d’ajouter que, bien qu’il espère que la paix revienne rapidement en Syrie, il fallait néanmoins prendre des dispositions sans compter sur un potentiel apaisement de la situation en Syrie.

Des restrictions controversées

Ces déclarations font d’autant plus réagir qu’elles font suite à un durcissement du droit d’asile, il y a deux mois. Le discours d’Østergaard a pu être interprété par certains comme « moralisateur ». Car le Danemark avait annoncé qu’il allait introduire un permis de séjour temporaire, pour faire face à l'afflux des demandes, notamment celles des réfugiés syriens. La ministre de la Justice Karen Haekkerup avait alors déclaré : « La majorité des réfugiés qui font leur demande en ce moment ne sont pas individuellement persécutés dans leur pays d'origine ». Un grand nombre vient « de régions en Syrie où les civils sont attaqués au hasard. Ils ne sont donc pas directement en danger. »

Cette restriction controversée réduit, en réalité, les options de certains réfugiés syriens pour le regroupement familial. Pour rappel, le Danemark a accordé le statut de réfugiés l'année dernière à près de 1 500 Syriens. A l'avenir, dans des cas particuliers, les réfugiés devront résider au Danemark pour un minimum d'un an avant de pouvoir faire venir leur famille. L'argument de cette restriction est que l'on espère qu'il sera possible de renvoyer les réfugiés chez eux dans un futur proche. Le permis de séjour sera valable un an et renouvelable pour deux années supplémentaires.

Le pays de la « méthode douce » ?

Difficile à dire si Danemark essaie de faire passer un message en prenant ces nouvelles mesures de plus en plus fermes. En tout cas, dans la foulée, le gouvernement a aussi annoncé que les résidents danois qui envisageaient de participer à un conflit armé à l'étranger seraient frappés d'une interdiction de sortie de territoire et pourraient être condamnés à des peines de prison à leur retour. Quant à ceux qui n'ont pas la nationalité danoise, ils se verront retirer leur permis de séjour. Le pays ne veut en effet plus qu’on parle du Danemark comme le lieu de la méthode douce qui accueille ses anciens jihadistes à bras ouverts.

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