Avec notre correspondante à Copenhague, Sung Shim Courrier
C’était fin août. Alisiv Ceran, un étudiant de 21 ans, se retrouve menotté et arrêté par la police de Copenhague alors qu’il se rend à l’université. Alisiv lit un livre sur le terrorisme dans le métro, quand son sac dans lequel se trouve une imprimante se renverse. Déjà très anxieux, le jeune homme d’origine turque estvraiment contrarié par cet incident. Il se jette sur son sac. Sa réaction met les autres passagers mal à l'aise, au point que l’un d’entre eux contacte les services de police.
Trois photos tirées des images d'une caméra de surveillance sont alors diffusées partout, et la découverte d'une valise abandonnée sur une place de Copenhague alerte les médias qui s’emparent aussitôt de l'affaire. Sur le compte Twitter de la police de Copenhague, on peut d’ailleurs lire : « Si vous voyez l'homme qui est sur ces photos, veuillez nous contacter car selon un témoin, son comportement est suspect ».
Le suspect est décrit comme « d'apparence moyen-orientale », avec « des cheveux noirs » et une « barbe fournie ». Alisiv est informé de la situation par un ami. Il se cache dans les toilettes en attendant l’arrivée de la police. Après quelques heures, Alisiv est innocenté. C’était tout simplement un étudiant stressé par un examen…
Le jeune homme a plutôt bien réagi
Alisiv Ceran a plutôt bien réagi. L’étudiant a été invité sur de nombreux plateaux de télévision et a répondu à des dizaines d’interviews. Il a dit qu’il comprenait la réaction de la dame qui a donné l’alerte.
« Je devrais peut-être faire plus attention à mes expressions faciales. Je comprends que mon comportement ait pu inquiéter les gens autour de moi. J’étais vraiment stressé. Ma barbe et mon aspect sombre font de moi le client parfait. C’est l’idée qu’on se fait des terroristes et le portrait qu’on en dresse dans les médias. Je ne suis pas en colère, juste un peu triste qu’on soit dans un monde où l’on juge à ce point sur l’apparence. »
Alisiv a ajouté que la police ne faisait que son travail, mais que s’il avait vraiment été sur le point de commettre un acte terroriste, il n’aurait certainement pas été en train de lire un ouvrage sur le sujet dans un lieu public. Il faut aussi dire que depuis cet épisode, Alisiv a rasé sa barbe.
Quant aux Danois,cette affaire les a bouleversés. Ils ont voulu comprendre si cette histoire ne cachait pas quelque chose de plus profond. Les médias danois ont demandé à plusieurs experts s’il fallait s’inquiéter, si la peur de la menace de l’Etat islamique n’était pas en train de rendre les gens paranoïaques. Tous ont été d’accord pour dire que la réaction de la dame qui a alerté la police pouvait peut-être sembler excessive mais qu’elle traduisait surtout une peur généralisée.
Nous sommes devenus plus attentifs aux comportements des gens qui nous entourent. Mais ils ont aussi insisté sur le fait que l’intervention armée de la police n’avait pas été démesurée mais rapide et efficace. Ce qui est sûr, c’est que l’histoire d’Alisiv a certainement poussé la société danoise à se remettre en question.