Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
Les Palestiniens s’attendaient à un rejet de leur résolution puisque les Américains y étaient opposés et qu’ils auraient utilisé leur droit de véto au cas où le texte passait.
Mais ils n’ont pas eu à le faire car la résolution n’a même pas obtenu la majorité des voix nécessaires à son adoption. Le texte n'a fédéré que huit votes favorables. Il y a eu deux oppositions et cinq abstentions.
C’est donc un revers pour les Palestiniens. Il semble que les Israéliens et les Américains aient fait suffisamment pression sur les membres du Conseil de sécurité pour ne pas faire voter le texte. Et le fait que des pays comme la France aient donné leur voix - même si Paris aurait préféré une résolution plus modérée - n’a pas suffi. Commentaire du représentant palestinien à l’ONU : « Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas prêt à assumer ses responsabilités pour permettre d’ouvrir la porte à la paix. »
Une précipitation des Palestiniens mal comprise
Beaucoup de diplomates se sont étonnés de la précipitation des Palestiniens qui n’ont pas souhaité attendre le 1er janvier et un changement au sein du Conseil de sécurité qui leur aurait été pourtant plus favorable. Les intéressés affirment qu'ils ont assez attendu, et que, de toute façon, les Etats-Unis auraient opposé leur véto, donc autant aller au vote rapidement.
Les Palestiniens sont agités par des dissensions internes et leur stratégie n’est pas toujours lisible. Que va-t-il se passer maintenant ? Est-ce que les Palestiniens vont tenter de travailler sur un autre texte, plus modéré, comme le souhaitaient les Français ? Est-ce qu’ils vont poursuivre leurs démarches d’adhésion aux instances internationales ? Selon certains hauts responsables politiques contactés par l'AFP, Mahmoud Abbas aurait d'ores et déjà pris la décision de demander l'adhésion à la Cour pénale internationale. Son objectif : faire condamner des responsables israéliens. Le président palestinien devait s’exprimer en fin d’après-midi à Ramallah, lors des cérémonies marquant le 50e anniversaire du déclenchement de la lutte armée du Fatah contre Israël.
Quid des négociations ?
La chef de la diplomatie européenne a immédiatement réagi au rejet de la résolution palestinienne. Pour Federica Mogherini, ce vote « souligne une fois de plus l'urgence d'une reprise de véritables négociations entre les parties et la nécessité pour la communauté internationale de se concentrer sur des résultats concrets pour parvenir à un accord final. »
Les autorités israéliennes, elles, se disent satisfaites de ce rejet par le Conseil de sécurité de l'ONU. « L'échec de la résolution doit apprendre aux Palestiniens que les provocations et les tentatives d'imposer des mesures unilatérales à Israël ne les mèneront nulle part », a estimé le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman. Mais la reprise éventuelle de pourparlers est suspendue aux élections législatives anticipées qui auront lieu au mois de mars en Israël. Aujourd'hui le Likoud du Premier ministre Benyamin Netanyahu organise des primaires, et selon les sondages, le chef du gouvernement est le mieux placé pour remporter l'investiture.