Les Etats-Unis ont annoncé vendredi qu’ils allaient quasiment doubler leur contingent en Irak afin d’entraîner et aider l’armée irakienne à combattre l’organisation Etat islamique, rapporte notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet. Jusqu’à 1 500 conseillers militaires américains seront envoyés. Ils viendront s’ajouter aux 600 déjà présents à Bagdad et à Erbil, et aux 800 soldats qui protègent l’ambassade américaine et l’aéroport.
Le porte-parole du Pentagone, l’amiral Kirby, a déclaré que les nouveaux conseillers seraient déployés à travers tout le pays : « Le commandement central américain établira des centres pour entrainer 12 brigades irakiennes : 9 de l’armée nationale et 3 des peshmergas. Ces centres seront situés dans le nord, l’ouest et le sud de l’Irak. Les partenaires de la coalition rejoindront le personnel américain pour aider les Irakiens à renforcer leurs capacités militaires ».
Dans les trois prochains mois, ce seront donc 3 100 militaires américains qui seront en Irak, loin des 275 qui s’y trouvaient en juin. Pour le président américain Barack Obama, qui s’était flatté d’avoir mis fin à la guerre, c’est une décision qui n’a pas été facile à prendre. La Maison Blanche a beau insister sur le fait que ce ne seront pas des forces combattantes, elles ne seront néanmoins pas loin du front, et des pertes ne peuvent être exclues. De plus, le redéploiement va coûter près de 6 milliards de dollars, sans qu’il y ait la moindre certitude que la victoire contre l’organisation Etat islamique soit en vue dans un avenir proche.
Former les troupes et milices irakiennes
A quoi vont servir ces forces additionnelles ? « A la fois à former des Irakiens actuellement dans l’armée irakienne qui souhaitent continuer le combat, mais aussi former des milices, explique à RFI, Jean-Marc Tanguy, expert en stratégie militaire. C’est ce qu’a fait la France depuis le 9 août. Les peshmergas au Kurdistan, par exemple, ce sont des combattants vraiment très aguerris. Aujourd’hui un peshmerga qui est bien formé, il est bien plus efficace qu’un combattant occidental sur le terrain » .
Mais selon Jean-Marc Tanguy, ces 1 500 conseillers militaires américains déployés sur le sol irakien n’ouvriront pas la voie à d’éventuelles troupes au sol dans un proche avenir « parce qu’aujourd’hui l’Amérique n’a plus les moyens budgétaires. Elle n’a plus la volonté non plus. Il faut quand même se souvenir que les Américains sont restés en Irak près de dix ans. Après l’opération initiale de 2013. Et on voit ce type de résultat. Donc, manifestement, il y a l’envie de faire des choses autrement et pouvoir en tout cas permettre aux Irakiens qui souhaitent le faire et peut-être demain aux Syriens qui souhaitent le faire, de mieux lutter contre les groupes terroristes » et notamment l'organisation de l'Etat islamique.