Premières livraisons d'armes aux Kurdes de Kobane

La bataille de Kobane est entrée dans une nouvelle phase. Pour la première fois, l’armée américaine dit avoir largué des armes, des munitions et du matériel médical sur l’enclave kurde assiégée par les jihadistes, dans la nuit du 19 au 20 octobre. Le matériel a été fourni par les Kurdes d’Irak. Il est destiné aux combattants Kurdes retranchés depuis plus d’un mois à Kobane, au nord de la Syrie.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Lundi matin, Polat Kan, le porte-parole du YPG (Forces de défense populaire), la composante militaire du PYD, confirme : « la plupart des armes sont arrivées à destination ».

Contactés un peu plus tôt, les rares journalistes présents dans la ville disaient n’avoir pas pu confirmer cette information de la part des responsables de la ville. Sans doute qu’en pleine nuit   l’une des premières nuits calmes depuis fort longtemps   le besoin de repos et la discrétion nécessaire pour accuser réception et mettre en sécurité ces armes ont nécessité de tenir secrète cette livraison.

Tensions diplomatiques

Ces largages risquent d’attiser les tensions entre Turcs et Américains. En effet, le président turc a exclu, une fois encore, d’aider militairement les Kurdes. Dimanche 19 octobre, Recep Tayyip Erdogan a même eu des mots très, très durs et définitifs sur les Kurdes de Syrie, « le PYD » de Kobane, rappelant que, pour lui, le PYD équivalait au PKK, que c’était donc un groupe terroriste, et qu’en conséquence il ne fallait pas attendre de la Turquie qu’elle les aide en aucune manière.

Ankara était restée sourde jusqu’à présent à tous les appels des Kurdes, mais aussi des membres de la coalition, pour lever l’embargo sur la ville et permettre d’assister la résistance acharnée contre l’organisation Etat islamique, provoquant l’agacement croissant des Occidentaux et la fureur des Kurdes, qui ont violemment manifesté un peu partout en Turquie ces dernières semaines.

Ce geste des Américains risque donc de déplaire aux autorités turques qui se retrouvent, une fois de plus, en porte-à-faux avec leurs alliés de la coalition, tant sur leur attitude complaisante vis-à-vis des islamistes que pour leur refus de venir en secours aux Kurdes.

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