Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Une étude publiée par la Banque mondiale indique que les réfugiés syriens « coûtent » au Liban « un milliard de dollars par an directement », et « 4 milliards et demi indirectement ». Cela représente environ 12% du produit intérieur brut (PIB) du pays.
Le président de la Banque mondiale a déclaré que le conflit en Syrie avait coûté au Liban plus de 7,5 milliards de dollars jusqu’à l’été dernier. Selon les estimations de l’organisation internationale, le PIB a chuté de 2,9% par an entre 2012 et 2014. Pendant cette même période, 170 000 Libanais sont tombés dans la pauvreté et le taux de chômage a doublé pour passer au-dessus de la barre des 20%.
Les Libanais reprochent aux réfugiés syriens de leur faire de la concurrence déloyale dans les secteurs de la construction et de l’agriculture, où ils acceptent des salaires plus bas que la moyenne nationale. Ils sont également accusés d’être en grande partie responsables de l’explosion des prix des loyers à Beyrouth et dans ses banlieues. Plusieurs familles syriennes vivent en colocation, ce qui leur permet de partager le loyer, et les Libanais ont désormais du mal à trouver des logements dans les quartiers populaires.
« La grande majorité garde l'espoir de retourner en Syrie »
Trois millions : c'est le nombre de réfugiés syriens qui ont fui leur pays à cause de la guerre civile qui touche la Syrie depuis mars 2011, selon les Nations unies. Quel est l’état d’esprit de ces réfugiés ? « Malgré tous les traumatismes qu'ils ont subis et les difficultés qu'ils traversent en raison de leur absence de possessions et de leur manque d'argent, la grande majorité des réfugiés syriens au Liban garde l'espoir et le rêve de retourner un jour dans leur pays, pour y reconstruire leurs maisons et leurs vies », rapporte le directeur de l'antenne libanaise de l'ONG Care Gareth Richards, qui les rencontre tous les jours.
« L'urgence est de leur fournir autant de besoins de base que possible, poursuit l’humanitaire. Parce que dans beaucoup de cas, ces Syriens qui sont au Liban depuis un moment ont épuisé toutes leurs finances, ils n'ont plus d'économie et ne peuvent plus accéder à des crédits. Ils redeviennent sans-abris pour la deuxième ou la troisième fois. »