Avec notre envoyée spéciale à Gaza, Murielle Paradon
Distribution de colis dans un hangar de Khan Younès. Ici, on ne donne pas de nourriture mais de quoi cuisiner. Les personnes qui viennent ont perdu leur maison dans les bombardements. Comme Marwane Abou Redah, leurs besoins sont des plus élémentaires : « J’ai pris des ustensiles de cuisine, des bidons, une bombonne de gaz et un réchaud. Ma maison a été complètement détruite au début de la guerre, à Khouzza. Maintenant, j’habite sous une tente », confie-t-il.
L’organisation qui distribue ces aides est sur place depuis le début du conflit. Elle n'a pas interrompu ses distributions durant les bombardements, quitte à prendre des risques, explique Bassam Nasser, chef de Catholic Relief Services à Gaza : « L’une des décisions les plus difficiles qu’on ait eu à prendre, c’est de distribuer des bombonnes de gaz, remplies bien sûr. On était inquiets pour les gens. Qu'ils se retrouvent dans des zones bombardées, c’est évidemment dangereux. Mais le besoin était tel qu’on a continué. » Financée par les Américains, l’organisation vient en aide aux plus démunis : 3 000 personnes strictement sélectionnées, sur les 400 000 déplacés de la bande de Gaza.
■ Agriculture : la FAO tire la sonnette d'alarme
Le rapport des experts de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture est sans appel : l’agriculture gazaouïe est presque entièrement détruite. Les derniers affrontements ont causé d’importants dégâts sur les 17 000 hectares de terres cultivées du territoire. Des dégâts aussi bien au niveau des bâtiments, que des champs eux-mêmes, retournés par les bombes. Les pénuries d’eau, de nourriture et de soins, ainsi que les tirs directs sur des hangars, ont décimé les élevages de volailles. Quelque 64 000 moutons et chèvres manquent de tout.
Sur un mois, les pertes du secteur de la pêche sont estimées à près de 9% du volume annuel. Et l’incertitude d’une reprise des opérations militaires empêche les Palestiniens de reconstruire pour remettre la production en marche. Conséquence, les prix explosent : +40% d’augmentation pour le prix des œufs, +42% pour les pommes de terre, et +179% pour les tomates. Aujourd’hui, l’ensemble de la population du territoire palestinien, soit 1,8 million de personnes, dépend de l’assistance alimentaire. Selon la FAO, une importante aide extérieure sur le long terme sera nécessaire pour reconstruire le secteur agricole.
RFI