Irak: les peshmergas attendent encore l’aide militaire promise

Dans le nord de l'Irak, les insurgés sunnites de l'Etat islamique sont ralentis dans leur progression. Ils se heurtent à la forte résistance des combattants kurdes. Il y a dix jours, les jihadistes s'étaient rapprochés dangereusement d'Erbil. Avec la prise des localités de Makhmour et de Gwer, ils n'étaient plus qu'à une trentaine de kilomètres de la capitale du Kurdistan irakien, mais il y a quatre jours, les peshmergas ont repris ces deux villages.

Avec notre envoyée spéciale à Makhmour et à Gwer,  Aabla Jounaïdi

Les hommes du colonel peshmerga Zerar sont à moins de quatre kilomètres des lignes ennemies, celles de l'Etat islamique. Lors de l'assaut kurde pour reprendre le village de Gwer, les combattants jihadistes en fuite ont laissé quelques objets, comme cette bannière aux couleurs du jihad que les peshmergas exhibent fièrement. Ils ont aussi laissé des armes, de fabrication américaine, des fusils M16 notamment. Les pershmergas ont par ailleurs récupéré huit véhicules Hummer, qui visiblement ne sont pas tous en état de rouler. Voici un échantillon de la force de frappe de l'Etat islamique.

Pour le colonel Zerar, qui dirige les opérations, il est donc grand temps d'aider les peshmergas en leur fournissant l'armement nécessaire pour faire face. Il remercie la France pour l'aide militaire annoncée, mais explique que rien ne leur est encore parvenu, pas même l'aide militaire américaine annoncée plus tôt. Les combats pour reprendre Gwer aux jihadistes ont été intenses. Et pour cause, nous sommes à 30 kilomètres d'Erbil, et les combattants de l'Etat islamique constituent toujours une menace importante pour la capitale du Kurdistan irakien.

Aide internationale

Dans le nord de l'Irak, l'aide humanitaire commence à affluer à destination des déplacés. Des dizaines de milliers de personnes sont jetées sur les routes en raison de l'avancée des rebelles sunnites. Parmi elles, de nombreux Yézidis, membres de cette minorité kurdophone et non musulmane. Ils se sont réfugiés dans les monts Sinjar, mais selon une mission de reconnaissance américaine, ils seraient moins nombreux qu'annoncé précédemment. Plusieurs milliers d'entre eux seraient en effet parvenus à quitter la montagne ces derniers jours. Des milliers de chrétiens se sont réfugiés au consulat général de France à Erbil. Les autorités auraient déjà enregistré 8 000 demandes de visas, selon un évêque de retour de la région.Pour ceux qui restent, néanmoins, les largages d'eau et de nourriture restent cruciaux.

Barack Obama a déclaré jeudi soir que « les frappes aériennes pour protéger nos ressortissants et nos installations en Irak » allaient continuer. Le président américain a aussi demandé à ce que des solutions politiques soient trouvées en Irak : « Nous insistons sur le fait que les Irakiens doivent saisir l'opportunité qui s'offre à eux pour former un nouveau gouvernement d'union nationale sous le premier ministre désigné, Abadi. » Nouri al-Maliki, le Premier ministre sortant qui ne reconnaissait pas jusque là Haïdar al-Abadi chargé de former un nouveau gouvernement, entrouvrirait la porte jeudi soir et semblerait accepter sa défaite.

Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France et l'Australie viennent à leur tour d'envoyer de l'aide. L'Allemagne devrait envoyer vendredi quatre avion militaires de transports transportant 36 tonnes de ravitaillement et de latériel médical.

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