Irak: l’aide humanitaire et militaire française arrive à Erbil

En Irak, l’aide humanitaire aux déplacés s’organise en même temps que l’aide militaire aux combattants kurdes, les peshmergas. Mercredi, la France a envoyé un deuxième convoi à Erbil, la capitale de la région autonome kurde d’Irak, qui concentre le plus grand nombre de déplacés, notamment issus des minorités ayant fui l’avancée de l’Etat islamique. Un soutien « politique et moral », selon le consul français à Erbil.

Avec nos envoyés spéciaux à Erbil, Aabla Jounaïdi et Boris Vichith

Sur le tarmac de l’aéroport d’Erbil, Alain Guépratte, le consul général de France, vient accueillir le deuxième convoi humanitaire français, rempli de 20 tonnes d’aide réceptionnée par la Croix-Rouge. « Il s’agit évidemment de matériel qui a été demandé, qui est absolument souhaité par les populations déplacées : des tentes, des kits de cuisine, des médicaments. Nous sommes les premiers à apporter des médicaments. Il y en a plus de 3,5 tonnes dans cet avion », explique-t-il. 

Mais Florian Seriex, de l’ONG Action contre la Faim, insiste sur le fait que l’acheminement de l’aide est difficile, du fait des combats en cours. Il souligne également que les besoins iront forcément croissant, dans les zones où se concentrent les réfugiés et les déplacés : « Evidemment, il faudra toujours plus. A l’heure actuelle, on estime qu’il y a 15 000 nouveaux déplacés qui arrivent dans le gouvernorat de Dahuk. Les besoins sont incessants et continuent de croître. On sait parfaitement que, dans les mois qui viennent, on va continuer à avoir de nouveaux besoins. »

Un soutien « politique et moral »

Paris s’est engagée à réaliser dans les prochains jours d’autres opérations pour venir en aide aux populations déplacées et, emboîtant ainsi le pas aux Américains et aux Britanniques, la France a également envoyé une aide militaire aux combattants kurdes, les peshmergas. Une aide militaire qui est arrivée en même temps que le convoi humanitaire à Erbil, mercredi, pour répondre aux besoins urgents exprimés par le président de la région autonome, Massoud Barzani.

« Evidemment, le fait que la France soit un des tout premiers pays à répondre et sur le plan humanitaire, et sur le plan militaire, est très important pour le moral de la population. Ce soutien est un soutien matériel, mais c’est un soutien politique et, je dirais, peut-être avant tout un soutien moral », souligne Alain Guépratte.

Jean-Yves Le Drian a confirmé jeudi l'envoi d'armes à l'armé kurde : « L’armée française a livré aux Kurdes d’Irak 18 tonnes de fret dimanche, 20 tonnes hier contenant entre autre du matériel médical du matériel de campement et des vivres. Le président de la République a annoncé aussi que la France allait effectuer des livraisons d’armes dans les prochaines heures. Ces armes répondent aux besoins les plus urgents des Kurdes et vous comprendrez que je ne donne aucun détail sur ces opérations mais l’objectif est d’aider les Kurdes à éviter les massacres. »

Les peshmergas confortés

Les peshmergas, remparts contre l’Etat islamique, se voient déjà en futur partenaire. « Le monde a l’occasion de se débarrasser facilement d’une organisation terroriste, qui est concentrée sur une seule zone. Pas besoin de dépenser des millions de dollars. Nous avons des informations sur eux, leurs positions. Nous combattons le terrorisme de l’Etat islamique au nom du monde entier », insiste ainsi le colonel Hazhar Ismail, du ministère des peshmergas. Mais la coopération sécuritaire avec les Kurdes est une question sensible en Irak, tant le gouvernement de Bagdad y a longtemps fait obstacle.

D’où viennent les armes françaises envoyées aux peshmergas ?

Pour le colonel Michel Goya, directeur du Bureau-Recherche au Centre de Doctrine d'Emploi des Forces de l'armée française, il s’agit avant tout d’une « opération symbolique ». Sur le terrain, « les peshmergas n’ont pas forcément besoin d’un armement sophistiqué », juge-t-il. Les combattants de l’Etat islamique constituent « une force relativement légère, (…) très mobile, qui utilise beaucoup de pick-up et dont l’arme principale est la mitrailleuse lourde », expose Michel Goya. Face à cela, les besoins de sont pas en armes sophistiquées mais en armes anti-chars et en munitions.

« La question qui se pose aussi est : ces armes, d’où vont-elles venir ? Ça, ce n’est pas très clair », insiste le colonel. « Elles ne seront pas prises sur nos dépôts à nous, ce n’est pas comme ça que ça se passe. C’est de l’armement qui est plutôt acheté sur le marché de l’occasion, qui passe par des tiers. C’est comme cela que l’on a procédé en Libye. C’est quelque chose comme cela vers lequel on se dirige », estime-t-il.

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