Avec nos envoyés spéciaux à Erbil, Aabla Jounaïdi et Boris Vichith
Un nouveau convoi d’aide humanitaire français, le second en une semaine, est attendu ce 13 août à Erbil. La France avait déjà livré 18 tonnes d’eau et de vivres la semaine dernière à destination des déplacés. Ils sont des dizaines de milliers ici à Erbil, en majorité des chrétiens qui ont fui Karakosh et qui s’entassent dans les églises ou dans les écoles.
L’aide humanitaire aux populations yézidies, toujours coincées dans les montagnes de Sinjar au nord-ouest du Kurdistan, se poursuit également par les airs. Cela a pris un tour tragique hier : un hélicoptère en provenance de Bagdad qui transportait des déplacés yézidis et de l’aide humanitaire s’est écrasé dans la montagne peu après son décollage, faisant un mort le pilote, et trois blessés, la députée yézidie Vian Dakhil, une journaliste du New York Times et un photographe.
Hier, l’Union européenne a décidé de débloquer une aide de cinq millions d’euros, mais certains membres de l’UE veulent faire plus. La France et l’Italie notamment qui plaident en faveur d’une réponse militaire et en particulier, des livraisons européennes d’armes aux combattants kurdes. Pour l’heure, les Vingt-huit ne sont pas d’accord et ces livraisons se font au cas par cas. Les Américains ont déjà fourni du matériel aux peshmergas comme en témoigne un général.
Le général Hikmet Mela Ali, porte-parole des peshmergas déclare : « Nous avons reçu de l’aide américaine et de l’aide irakienne. Ce qui est arrivé à Erbil pour l’instant, c’est de l’équipement d’artillerie. Je ne veux pas vous donner de détails, ni de chiffres à ce sujet. Mais nous espérons davantage d’aide. Cela va continuer. Nous avons passé un accord avec le gouvernement irakien et les Etats-Unis pour la mise en place d’une base d’opération commune. Elle est basée ici à Erbil. Nous travaillons ensemble, avec des officiers américains et des officiers du ministère de la Défense irakien. Evidemment nous nous battons contre les éléments du terrorisme international. Nous attendons l’aide de l’Europe et celle de tous nos amis dans le monde ».
Les Américains vont continuer de soutenir militairement les combattants kurdes
Washington a décidé de passer à la vitesse supérieure avec l’envoi de matériel d’artillerie. L’aviation américaine continue de bombarder dans le Nord pour éloigner les jihadistes des minorités et des ressortissants américains à Erbil, portant le total des frappes à 17 depuis vendredi dernier.
Par ailleurs 130 conseillers militaires supplémentaires sont arrivés dans la capitale du Kurdistan irakien. Ils viennent s’ajouter aux 300 autres conseillers arrivés en juin et qui se trouvent pour la plupart à Erbil. Washington a aussi réitéré son soutien au nouveau Premier ministre Haïdar al-Abadi pour former au plus vite un gouvernement d’unité, pour amener les sunnites à se joindre aux forces irakiennes pour combattre l’Etat islamique (EI). Al-Abadi a été félicité aussi par l’Arabie Saoudite et par l’Iran, ce dernier pays qui lâche donc pour de bon l’ex-Premier ministre Nouri al-Maliki.
La porte-parole adjointe du département d’Etat, Marie Harf a mis en garde contre tout effort de Nouri al-Maliki de contester par la voie judiciaire la nomination d’al-Abadi: « Nous rejetterions tout effort, légalement ou d’une autre manière, de parvenir à une résolution de la crise à travers la coercition ou de la manipulation du processus constitutionnel ou judiciaire. Il y a un processus constitutionnel qui est en cours et que nous soutenons », dit-elle.
John Kerry pour encourager la formation rapide d’un gouvernement rassembleur a fait miroiter une augmentation de l’aide américaine dans les domaines militaire, économique et politique.