La prolongation du cessez-le-feu à Gaza se joue au Caire

Les armes se sont tues à Gaza, et la balle est désormais dans le camp des diplomates. C'est au Caire que se négocie désormais la prolongation ou non du cessez-le-feu. Israël demande la démilitarisation de la bande de Gaza. Côté palestinien, la principale demande est la levée du blocus de Gaza. Entre les deux, un médiateur égyptien qui est aussi partie prenante. La Ligue arabe a annoncé l'envoi d'une délégation à Gaza, en vue de montrer sa « solidarité » avec les Palestiniens.

Malgré les changements de régime de ces dernières années, l'Egypte n'a jamais perdu ce statut de médiateur incontournable. A cela, une raison géographique évidente : la bande de Gaza partage une frontière avec Israël et une autre, au sud, avec l'Egypte. Mais il y a aussi des raisons historiques. L’Egypte est l'un des pays arabes à avoir signé un traité de paix avec l'Etat hébreu. Les deux pays entretiennent un dialogue politique et sécuritaire constant depuis quatre décennies maintenant. Mais les Egyptiens ne sont pas seulement des médiateurs. Ils sont aussi des acteurs du dossier, puisqu'ils contrôlent l'une des frontières de la bande de Gaza. Or la levée du blocus est l'une des demandes palestiniennes.

Les exigences palestiniennes : levée du blocus et reconstruction

« Les demandes palestiniennes sont claires et nettes. C’est le minimum que l’on peut espérer pour une population qui se trouve, depuis une dizaine d’années, dans une prison à ciel ouvert, bloquée, sans eau, sans électricité », insiste ainsi Hael Al Fahoum, ambassadeur de Palestine en France, fixant comme priorité immédiate « de lever le blocus, définitivement » pour « laisser les gens vivre normalement » à Gaza.

Outre la levée du blocus, les Palestiniens demandent également la reconstruction de Gaza et des libérations de prisonniers. « Tout est priorité pour Gaza. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, plus de route, plus de nourriture. Les hôpitaux ont été détruits, il y a un manque de médicaments, de médecins. Il y a 200 000 à 300 000 Palestiniens déplacés, qui n’ont plus de maison », liste Hael Al Fahoum. « On a publié une liste de demandes immédiates. Il y a certains pays qui commencent à débloquer de l’aide d’urgence », rapporte-t-il, citant notamment la Norvège, où se tiendra une conférence internationale pour la reconstruction de Gaza, le 1er septembre prochain.

Israël veut la démilitarisation de la bande de Gaza

De son côté, Israël exige la démilitarisation des groupes armés de Gaza. « La communauté internationale tout entière appelle de son vœu le désarmement de Gaza, le désarmement de tous les groupes terroristes armés de Gaza. On l’a vu dans la déclaration des ministres de l’Union européenne. On l’a vu dans une déclaration du secrétaire général de l’ONU », a déclaré à RFI Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Pour lui, « il faut évidemment que ce cessez-le-feu s’inscrive dans la durée. Pour cela, il faut trouver le moyen de démilitariser Gaza. » 

Quant à la demande d’une levée du blocus de Gaza, le diplomate israélien assure que « tout, absolument tout peut entrer à Gaza, aujourd’hui. Il n’y a pas de restriction, sauf sur des restrictions à double usage, c’est-à-dire ce qui peut servir à fabriquer des armes et des munitions, et puis certaines restrictions sur le ciment, parce que le ciment est utilisé pour construire des tunnels d’attaque ». Yigal Palmor affirme que « s’il y a des garanties là-dessus, il n’y aura pas de restrictions ».

La position ambigüe de l’Egypte

Il ne sera pas facile pour le médiateur égyptien de concilier de telles exigences contradictoires, d’autant que l'Egypte est désormais dirigée par Abdel Fattah al-Sissi, l’artisan de la chute du président islamiste Mohammed Morsi, il y a un an. Depuis, l'Egypte réprime sévèrement les Frères musulmans et tout ce qui leur ressemble, comme le Hamas palestinien, issu de la même mouvance politico-religieuse. Le Caire accuse en outre des Palestiniens de Gaza d'alimenter l'insurrection jihadiste dans le Sinaï. Depuis un an, l'Egypte d’al-Sissi a bloqué le passage des Palestiniens de Gaza par le terminal frontalier de Rafah et a détruit de très nombreux tunnels de contrebande entre le territoire égyptien et l'enclave palestinienne. Aujourd'hui une trêve de longue durée passe forcément par une remise en cause de la politique actuelle de l'Egypte à l'égard de Gaza et de ses habitants.

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