A sa descente d'avion, à Souleymanieh, son fief du Kurdistan irakien, l'homme a été accueilli comme un héros. Au Kurdistan, Jalal Talabani jouit d'une légitimité historique et d'une popularité sans pareille, lui, l'ancien militant, ennemi juré de Saddam Hussein.
Il est rentré en Irak par le Kurdistan, une région autonome depuis 20 ans et qui, depuis la débâcle de l'armée irakienne face aux insurgés sunnites en juin dernier, songe sérieusement à l'indépendance. Cette indépendance pour laquelle a plaidé son rival Massoud Barzani, président du gouvernement autonome et du Parti démocratique du Kurdistan, le PDK.
Mais pour le revenant Talabani, chef de l'autre grand parti kurde, l'UPK (Union patriotique du Kurdistan), il faut plutôt davantage de décentralisation. Son discours est celui d'un chef d'Etat qui veut préserver l'unité de l'Irak.
Qui pour lui succéder?
Dans son camp, celui des Kurdes, où selon la Constitution, le président de l'Irak est choisi, aucune personnalité ne s'impose pour le remplacer. A Bagdad, le Premier ministre Nouri al-Maliki, chiite, s'accroche au pouvoir malgré un bilan politique et militaire désastreux.
Jalal Talabani parviendra-t-il avec son art consommé du compromis à réunir toutes les parties ? S'il ne peut lui-même, pour des raisons de santé, se représenter, cet octogénaire charismatique a l'avantage de s'entendre avec tout le monde : Kurdes, sunnites et chiites.
Acteur incontournable, historiquement proche de l'Iran, il s'entend aussi bien avec les monarchies du Golfe. Mais son absence d'un an et demi et son état de santé fragile seront probablement des obstacles de taille dans sa mission.