Irak: l'armée échoue à reprendre Tikrit

A Tikrit, les forces officielles reculent devant les jihadistes. L'Etat islamique contrôle cette ville à 160 km au nord de Bagdad depuis le 12 juin. Cela fait maintenant deux semaines que l'armée essaye de la reprendre, en vain. Dans le même temps, 300 personnes liées à la rébellion sunnite irakienne contre le pouvoir chiite se sont réunies à Amman.

Les forces irakiennes pensaient enfin tenir une bonne nouvelle. Ce mardi, avec l'aide de milices chiites, elles avaient repris une partie de Tikrit, la ville natale de Sadam Hussein. Le siège du gouvernorat de province et l’académie de police étaient notamment passés sous leur contrôle.

Mais cette avancée a été de courte durée. Mardi soir, des tirs de mortiers et l'action de tireurs embusqués, ont contraint les soldats à reculer pour éviter les pertes. Ils ont trouvé refuge dans une base situé à 4 km au sud de la ville. Et ils pourraient bientôt repartir au combat.

Ce revers illustre toute la difficulté de l'armée irakienne à reprendre les territoires conquis en juin par l'Etat islamique. Les jihadistes dominent toujours une bonne partie du nord de l'Irak.

D'après des témoins sur place, les forces gouvernementales ont rencontré un rare succès à Doulhouiyah. Cette ville à 70 km au nord de Bagdad a été reprise dans la nuit de mardi à mercredi après des jours de combat. Il faudra maintenant la conserver. Car Doulhouiyah ne cesse de passer d'un camp à l'autre.

La rébellion sunnite ne dit mot sur l'EI

Tandis que l'armée irakienne doit faire face, depuis début juin, à ce nouveau front jihadiste venu du Nord, la rébellion sunnite irakienne - du moins 300 personnes impliquées - qui combat elle aussi l'armée régulière, a tenu un meeting à Amman, la capitale jordanienne, rapporte notre correspondante sur place, Angélique Férat.

Il était important pour cette rébellion sunnite de montrer une unité de façade. Les anciens caciques du régime de Saddam Hussein, la brigade de 1920, les oulémas sunnites ou l’armée des moudjahidines, n'ont pas grand-chose en commun, sinon de vouloir que les Américains et que l’Iran laissent tomber Nouri al-Maliki, le Premier ministre sortant qui se voyait bien entamer un 3e mandat.

Il furent aussi unis dans la défense d’une certaine idée de l'Irak. La rébellion irakienne se dit nationaliste, mais elle se dit aussi prête a écouter les autres composantes de la société. Dans la déclaration finale, il fut donc question d’unité de l'Irak avant tout : « Nous tenons à l'unité de l'Irak. Nous refusons tous les appels à la partition, quelques soient les circonstances. Ensuite, nous souenons la révolution populaire et ses demandes. Nous appelons les pays arabes et la communauté internationale à soutenir la révolution. Nous demandons à la communauté internationale qu'elle arrête d'aider l'actuel gouvernement irakien. »

Aucune mention de l’armée de l'Etat islamique, qui était absente. Et pourtant, ils combattent côte à côte contre l’armée irakienne régulière. Et pourtant, leur projet de califat ne colle pas avec un Irak uni. Explication donnée anonymement : « On ne les critiques pas. On ne veut pas de problèmes avec eux, on a besoin d eux. Pour l'instant. »

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