Ce ne sont pas ces chiffres qui vont dissiper la confusion qui règne autour du scrutin. Depuis le second tour, le 14 juin, le candidat Abdullah Abdullah dénonce des bourrages d'urnes massifs au profit de son rival Ashraf Ghani, qui de son côté affirme avoir gagné « à la régulière ».
Devant la pression exercée par Abdullah Abdullah, le chef de la Commission électorale indépendante avait été poussé il y a deux semaines à la démission. Les résultats partiels de ce lundi 7 juillet ont été donnés avec cinq jours de retard, le temps de vérifier les chiffres dans un peu moins de 2 000 bureaux de vote.
Avant d'avoir ces résultats, il aura encore fallu attendre plusieurs heures, le temps que la commission électorale termine une réunion à huis clos, et que les deux camps adverses négocient sous la houlette de la mission des Nations unies en Afghanistan. Mais sans succès, car si Ashraf Ghani est d'accord pour un audit portant sur 7 000 bureaux de vote, Abdullah Abdullah veut lui monter jusqu'à 11 000, sur un total de 23 000 bureaux.
Les plaintes vont maintenant être examinées, avant que ne soit donné le résultat définitif le 24 juillet. Et l'allié américain a insisté ce lundi : il faut un examen « complet et approfondi » des accusations de fraudes. Car en cas d'impasse, certains craignent de nouvelles tensions entre les Tadjiks, partisans d'Abdullah Abdullah, et les Pachtounes, l'ethnie d'Ashraf Ghani.
Abdullah Abdullah affirme être le vainqueur du scrutin
« Nous sommes fiers, nous respections le vote du peuple, nous sommes les vainqueurs », c'est ce qu'a déclaré ce mardi Abdullah Abdullah devant plusieurs milliers de ses partisans réunis à Kaboul. Une manière de dire que rien n’est joué, puisqu’il reste encore plus de deux semaines à la Commission des plaintes pour enquêter sur les accusations de fraudes, c’est pour cette raison qu’il maintient la pression.
Du côté de l’allié américain, on demande aussi un examen complet de toutes les accusations d’irrégularité, mais ce matin John Kerry a voulu installer des garde-fous, pour éviter que cette contestation ne dégénère : le secrétaire d’Etat a précisé qu’en cas de coup d’Etat, l’Afghanistan perdrait le soutien financier et sécuritaire des Etats-Unis et de la communauté internationale.
Pendant que les politiques se déchirent, les talibans continuent leurs attentats : ce matin 16 personnes (quatre soldats de l’Otan, deux policiers et dix civils) ont été tués dans une attaque suicide dans le district de Bagram, l’est du pays. La Force de sécurité internationale (Isaf) aura quitté l’Afghanistan d’ici la fin de l’année.