Le sergent américain Bowe Bergdahl, libéré après avoir été détenu pendant cinq ans par les talibans, se trouvait samedi soir sur la base aérienne de Bagram avant d'être transféré par avion sur un hôpital militaire américain à Landstuhl, en Allemagne. Selon des responsables américains, il est en « bonne condition ». Sa libération a été annoncée ce samedi par le président américain dans la roseraie de la Maison blanche. « Nous avons travaillé pendant des années pour atteindre cet objectif, a déclaré Barack Obama, et au début de la semaine, j’ai pu personnellement remercier l’émir du Qatar pour l’aide qu’il nous a apportée ». Le président américain était entouré des parents du jeune soldat, rapporte notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet, qui ont chaleureusement remercié tous ceux qui ont aidé à son retour.
Dans le même temps, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, annonçait la libération de cinq prisonniers afghans de Guantanamo. Les talibans, dans un communiqué, se sont félicités de la libération des cinq prisonniers de Guantanamo.
Les cinq prisonniers ont été échangés contre le soldat américain. Ils ont été remis au Qatar, pays qui a servi d'intermédiaire. « Le gouvernement qatarien nous a donné l'assurance qu'il allait mettre en place des mesures pour protéger notre sécurité nationale », a déclaré le président américain, qui n'a toutefois pas donné des précisions sur ces dispositions. Le président Obama s'exprimait à la Maison Blanche après la libération du sergent Bergdahl.
Les cinq prisonniers libérés en échange du soldat américain sont Mohammad Fazl, Norullah Noori, Mohammed Nabi, Khairullah Khairkhwa et Abdul Haq Wasiq, a indiqué un porte-parole du département d'Etat.
Mécontentement des Républicains
D'après une source talibane en provenance de la ville de Quetta, les hommes libérés étaient de hauts responsables du régime taliban chassés du pouvoir au moment de l'invasion de l'Afghanistan par les Américains après les attaques du 11-Septembre.
Certains Républicains se sont plaints des conditions de sa libération. John McCain, ancien prisonnier de guerre lui-même et Mike Rogers, président de la Commission du renseignement à la Chambre ont dénoncé l’échange qui est contraire à la politique des Etats-Unis de ne jamais traiter avec les terroristes. Cela, disent-ils, ne fera qu’encourager les jihadistes à faire plus de prisonniers américains afin de les échanger contre ceux des leurs qui sont détenus par les Etats-Unis.
Le rôle central joué par le Qatar
Avec notre correspondante à Doha, Laxmi Lota
« J'exprime ma plus grande reconnaissance à l'émir du Qatar », a écrit le président américain dans un communiqué. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a également remercié dans une déclaration « le gouvernement du Qatar et spécialement l'émir cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani ».
Dans cette affaire, l'Emirat a accepté d'accueillir sur son territoire cinq ex-prisonniers de Guantanamo. « Leurs activités seront limitées », précise un responsable américain.
Ce n'est pas la première fois que l'Emirat sert de lien avec les talibans. Le Qatar a ouvert un bureau politique des talibans à Doha il y a un an, en accord avec les autorités américaines pour discuter avec le pouvoir afghan. Un bureau qui a cependant très vite fermé ses portes faute de négociations concrètes.
L'Emirat est devenu le spécialiste des médiations auprès de groupes armés : il aurait joué un rôle dans la libération en avril dernier des journalistes français retenus en Syrie par l'Etat islamique en Irak et au Levant. Plus tôt, en mars, c'est également une médiation qatarienne avec le Front al-Nosra qui a permis la libération de 13 religieuses toujours en Syrie.