Avec nos envoyés spéciaux, Boris Vichith et Daniel Vallot
Le quartier Hai al-Jamaa est situé à l’ouest de Bagdad. Ici, les habitants sont tous sunnites, et la plupart soutiennent la rébellion qui s’est emparée de vastes territoires dans l’ouest et le nord-ouest du pays. Ici, on ne parle d’ailleurs pas de rébellion, mais de « révolution », une révolution sunnite face à un gouvernement, jugé trop favorable à la population chiite. « Les sunnites sont marginalisés, et ils n’ont aucun droit, témoigne Farouk. Au départ, il y a eu des manifestations pacifiques, dans la province d’al-Anbar, mais Maliki n’a répondu à aucune de leurs revendications, alors maintenant, ils font la révolution. »
Pour les habitants de ce quartier, la rébellion est composée avant tout de tribus sunnites, et d’anciens soldats de Saddam Hussein, et les combattants de Daesh, l’ex-Etat islamique en Irak et au Levant, ne sont à leurs yeux qu’une partie infime de cette rébellion. « Ils ne représentent que 5 % des rebelles sunnites, explique Sabiha. Ils veulent infiltrer la révolution, et profiter de la situation, mais c’est une organisation terroriste, ils ne viennent pas à notre secours, ils ne sont là que pour leur propre intérêt. »
Depuis le 9 juin et la chute de Mossoul, les sunnites de Bagdad sont partagés entre le sentiment d’une revanche à prendre sur le pouvoir chiite incarné par Nourri al-Maliki et la crainte d’un groupe terroriste, qui affirme agir en leur nom.
→ A (RE)LIRE : La position des tribus sunnites, véritable enjeu du conflit en Irak