Avec nos envoyés à Bagdad, Boris Vichith et Daniel Vallot
Ils sont une dizaine tout au plus, à avoir bravé la crainte des attentats pour venir célébrer la messe. En temps normal, l’église Saint-Joseph de Bagdad peut accueillir plus de deux cents paroissiens. « Les chrétiens ont peur de venir prier depuis 2010 et l’attaque qui a fait plus de 40 morts dans une église de Bagdad. Maintenant, bien sûr, ils sont encore plus effrayés. En ce moment, les chrétiens ne parlent que d’une seule chose : partir, avant de perdre un proche ou d’être tué », explique Wassim dont la mère vient de partir pour les Etats-Unis et qui envisage lui aussi de s’exiler.
A ses côtés, Missak Waredjan, un autre paroissien, refuse lui de céder à la panique. « Notre pays est en guerre, mais c’est notre vie et nous devons l’accepter. Ici, c’est notre pays alors, pourquoi aller ailleurs ? Moi si j’avais voulu quitter l’Irak je l’aurais fait depuis longtemps, car cette situation, ça fait dix ans qu’elle dure. »
Missak reconnaît lui-même être un cas isolé au sein de sa communauté. Avec le regain de violence de ces dernières semaines et la crainte des exactions attribuées à l’Etat islamique en Irak et au Levant, la plupart des chrétiens encore en Irak envisagent désormais de quitter le pays. Depuis 2003 et la chute de Saddam Hussein, on estime à un demi-million le nombre de chrétiens irakiens ayant pris la route de l’exil.