Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
Sur les immeubles, les bus ou encore sur le net…Israël a lancé une immense campagne « BringBackOurBoys », « Ramenez nos garçons », en référence à « BringBackOurGirls » pour faire libérer les écolières nigérianes enlevées par les islamistes de Boko Haram. Ici, l’enlèvement des trois étudiants israéliens n’a pas été revendiqué, mais le gouvernement accuse les islamistes du Hamas.
La page Facebook « BringBackOurBoys » a recueilli plus de 110 000 likes (mentions positives). Et tout le monde est invité à poster sa photo avec un panneau portant le fameux slogan. Même l’épouse du Premier ministre israélien, Sara Netanyahu, s’y est mise, à l’instar de Michelle Obama pour la campagne des écolières nigérianes.
Si cette campagne est plutôt bon-enfant, d’autres sont en revanche haineuses, comme celle qui appelle à « tuer un Palestinien toutes les heures », tant que les adolescents israéliens ne seront pas rentrés chez eux. Des photos des cibles à abattre sont même publiées sur une page Facebook qui a recueilli plus de 20 000 mentions positives. Et elle continue d’exister, malgré ces appels très clairs au meurtre.
Campagnes haineuses
Côté palestinien, l’enlèvement des trois jeunes israéliens fait aussi réagir, et de manière parfois douteuse. Sur les réseaux sociaux, sont apparus rapidement des caricatures montrant une main avec trois doigts brandis, pour saluer l’enlèvement des trois jeunes israéliens. « Avant, on avait un Shalit, maintenant on en a trois », dit une chanson diffusée sur le Net, en référence au soldat franco-israélien Gilad Shalit enlevé en 2005 à Gaza et qui a été libéré cinq ans plus tard.
Mais le plus souvent, les commentaires des Palestiniens renvoient à leurs propres souffrances. Ils se servent aussi du hashtag « BringBackOurBoys » pour appeler, cette fois, au retour des enfants palestiniens emprisonnés en Israël ; ils seraient près de deux cents. On voit aussi beaucoup de photos et de vidéos de jeunes tués par l’armée israélienne, avec ces slogans interrogateurs et rageurs: « Et ces garçons palestiniens ? Qui les ramènera à leur famille ? ».
Les tensions entre Israéliens et Palestiniens ont été ravivées par cet enlèvement. Après la disparition des trois adolescents israéliens le 12 juin, les forces israéliennes ont mené des opérations de ratissage en Cisjordanie, qui se sont traduites par des violences : au moins quatre Palestiniens ont été tués dont deux jeunes le 22 juin, quatre cents personnes ont été arrêtées.