Avec notre envoyée spéciale à Erbil, Aabla Jounaïdi
Les combats ont été particulièrement durs autour de la principale raffinerie du pays, à Baïji, près de Kirkouk, dans le Nord. On ignore si elle a réellement été prise par les insurgés comme ceux-ci le déclarent dans leurs communiqués. Mais cela fait des jours que l’armée, qui y est postée, subit les assauts acharnés de l'Etat islamique en Irak et au levant (EEIL) et de ses alliés.
L’aviation irakienne est mobilisée à Baïji. Hier, elle a bombardé la zone faisant des victimes, y compris des civils. L’aviation est utilisée aussi pour ralentir les déplacements des rebelles. Deux ponts sur l'Euphrate ont été visés par les avions, faisant une dizaine de morts. Enfin, l’armée, avec l’aide de tribus, aurait pris le contrôle d’une centrale électrique, celle de Haditha.
Bref, l’armée irakienne semble reprendre l’initiative. Pour l’aider à coordonner la contre-offensive, les Américains préparent la mise en place d’un centre d’opérations conjoint : 150 des 300 conseillers promis par Washington seraient déjà à Bagdad pour évaluer la situation et rendre un rapport d’ici deux à trois semaines. D’ici là, le Premier ministre Nouri al-Maliki devra avoir formé un gouvernement d’union nationale, attendu le 1er juillet prochain. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, en visite hier en Irak, l’a redit : c’est là une condition sine qua non à l’intervention américaine. Un choix que se refuse à faire Nouri al-Maliki pour le moment.
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Offensive de l’EIIL : un bilan humain difficile à chiffrer
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, plus d'un millier de personnes a perdu la vie depuis le début du mois de juin. Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme recense les victimes dans les zones conquises par l'EIIL, dans le nord de l'Irak, mais aussi dans les secteurs disputés, ou encore dans les attentats commis à Bagdad, la capitale. Il y a quelques jours déjà, l'ONU avait exprimé sa « vive inquiétude » face aux informations faisant état d'exécutions sommaires. Désormais, le Haut-Commissariat s'alarme des « dizaines de vidéos montrant des traitements cruels, des décapitations » et d'autres actes de violence, ciblant parfois des personnes en raison de leur origine ethnique ou confessionnelle.
Difficile d'obtenir un bilan précis des combats et des exactions. Impossible par exemple de confirmer l'exécution de 1 700 militaires irakiens chiites : un massacre revendiqué par l’EIIL. L’ONU parle donc d'au moins 1 000 morts depuis le début du mois de juin, mais il pourrait y avoir en fait 3 000 victimes, un chiffre avancé par le site internet IraqBodycount, qui tente de recenser le nombre de morts dans ce pays depuis l'invasion américaine de 2003.