De notre correspondant au Caire,
Les réactions sur le Net sont mitigées à l'image du monde arabe lui même et la division de son opinion en ce qui concerne la situation politique en Egypte. Twitter, Facebook et les autres médias sociaux sont en effet déchirés entre les pro et anti-islamistes. Un parti pris intransigeant qui définit l'analyse et l'interprétation que les internautes font des événements y compris le cas des journalistes d'al-Jazira. Il y a ceux qui condamnent et ceux qui approuvent.
Un « scandale »
Le terme « scandale » est celui qui revient le plus souvent. Pour ces internautes le jugement est révélateur d'un retour à l'autoritarisme et la répression qui prévalaient sous l'ex-président Moubarak. La seule différence, selon un internaute, c'est que le régime Sissi est plus fort. D'autres soulignent l'étroitesse des liens qui lient le Caire et Ryad, deux ennemis jurés du Qatar et donc de la chaîne al-Jazira. Certains pensent même que l'Égypte est devenu « l'exécuteur des basses oeuvres du régime obscurantiste saoudien ». Ils publient un photomontage où l'on voit le président Sissi lavant les pieds du roi Abdallah.
Conspiration contre le monde arabe
Le nationalisme est un sentiment qui a le vent en poupe depuis la chute du pouvoir des Frères musulmans. Le seul fait que John Kerry, le secrétaire d'Etat américain ait condamné le jugement est, à leurs yeux, révélateur. Ils sont convaincus que les États-Unis conspirent contre le monde arabe au profit d'Israël et que la chaîne al-Jazira est l'instrument de cette politique. En fait c'est toute la presse occidentale qui est accusée de participer à cette conspiration qui veut transformer le monde arabe en États « faillis » comme l'Irak, la Syrie et la Libye.
Les journalistes égyptiens partagés
La majorité des journalistes désapprouvent la condamnation de leur confrères. Le syndicat égyptien des journalistes a condamné les peines de prison infligées aux confrères. Mais une bonne partie des journalistes participent à l'élan nationaliste. Cela donne donc un « c'est pas bien d'emprisonner les confrères mais c'est pas bien non plus de conspirer contre l'Égypte ». Le romancier Alaa al-Aswany qui publiait un éditorial tous les mardi dans le journal al Masry al Youm a annoncé sur Twitter qu'il se censurait.