Les insurgés sunnites emmenés par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant se sont emparés samedi du poste-frontière d'al-Qaïm avec la Syrie, et dimanche le poste frontière avec la Jordanie. Plusieurs villes de la province occidentale sont aujourd'hui sous contrôle des jihadistes, notamment les villes de Rawa et Anah, d'où l'armée affirme s’être retirée pour des raisons « tactiques » de « redéploiement ».
Au moins 21 responsables locaux auraient été tués en deux jours dans les villes de Rawa et Anah, selon des témoignages d'officiers et de médecins, cités par l'agence de presse AFP.
Ces villes sont situées sur l'autoroute reliant la Syrie à la province irakienne d'Al-Anbar, où les insurgés détiennent déjà Fallouja et Ramadi, le chef-lieu de la province. Depuis le début de leur offensive le 9 juin, les insurgés ont pris Mossoul, la deuxième ville du pays, une grande partie de Tikrit et d'autres secteurs dans le nord et l’est du pays.
La prise du poste-frontière d'Al-Qaïm, samedi 21 juin, est stratégique puisqu’il n'existe que deux autres points de passage officiels sur les 600 km de la frontière entre l'Irak et la Syrie ; l'un est contrôlé par l'armée et l'autre par les forces kurdes.
Les jihadistes veulent créer un Etat islamique dans une zone située à cheval entre les deux pays et marcher sur Bagdad et les villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, au sud de la capitale.
Sur le front diplomatique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a entamé une tournée de cinq jours au Moyen-Orient et en Europe pour évoquer la situation en Irak. Au Caire où il a fait une escale de quelques heures, John Kerry a rappelé que pour les Etat-Unis la solution au conflit passe par la formation rapide d’un gouvernement d'union nationale à Bagdad.
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L'Iran met en garde les pays soutiens des «terroristes» avec leurs «pétrodollars»
Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
Le président iranien Hassan Rohani a dénoncé dimanche le soutien des pays arabes qui financent les groupes rebelles en Irak, mais aussi en Syrie.
« Nous conseillons aux pays qui aident les terroristes avec leurs pétrodollars de cesser de le faire. Ils doivent savoir que demain viendra leur tour » d'être confrontés à ces groupes, a déclaré Hassan Rohani.
L'Iran accuse l'Arabie Saoudite et le Qatar de soutenir financièrement et militairement les rebelles de l'Armée islamique en Irak et au Levant. Le groupe sunnite extrémiste a pris le contrôle de plusieurs villes irakiennes. Il contrôle aussi certaines régions en Syrie, autre allié de Téhéran dans la région.
Hassan Rohani a dénoncé « les sauvages qui ont soif du sang des musulmans, coupent la tête des enfants et violent les femmes musulmanes ». Il a ajouté que ces actions vont dans le sens de l'intérêt d'Israël, car plus personne ne pense à la cause palestinienne.
L'Iran, dont la population est majoritairement chiite, soutient le gouvernement de Nouri al-Maliki contre les insurgés sunnites de l'Armée islamique en Irak et au Levant.