Les chiites d'Irak se mobilisent contre l'avancée de l'EIIL

Face aux avancées de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et des insurgés sunnites, la communauté chiite d'Irak se mobilise. Répondant à l’appel des plus hauts responsables religieux chiites irakiens, des dizaines de milliers d’hommes ont pris les armes et défilé ce dimanche dans plusieurs villes du pays, fermement décidés à stopper l’avancée de l’EIIL. Au même moment, l'armée irakienne faisait savoir qu'elle s'était retirée de trois villes de l'Ouest – Rawa et Anah sur l’Euphrate, et al-Qaim, poste frontière avec la Syrie – dans la perspective d’un futur «redéploiement ».

Armés de kalachnikovs et de lance-roquettes, montés sur des camions, des dizaines de milliers d’hommes ont paradé ce dimanche dans le quartier chiite de Sadr City, au nord de Bagdad, la capitale irakienne. Le défilé militaire était une réponse à l’appel lancé vendredi par le puissant chef chiite Moqtada Sadr, qui a annoncé la création d’une armée de volontaires, les « Brigades de la paix ». Le 11 juin déjà, dans un communiqué, Moqtada Sadr déclarait ne pouvoir « rester silencieux et les mains croisées face au danger qui guette les lieux saints » et se disait « prêt à travailler en coordination avec le gouvernement afin de former des brigades de la paix » qui défendront les sites religieux. Ce dimanche, d’autres démonstrations de force ont eu lieu dans plusieurs villes du sud du pays : Bassora, Najaf et Kout.

L'État islamique en Irak et au Levant est désormais à moins de 100 km de la capitale, et a déclaré son intention de prendre également les villes saintes chiites du sud, Kerbala et Najaf. Cette mobilisation pour stopper sa progression et pallier l’effondrement de l’armée a commencé il y a une semaine. Le 13 juin, à Kerbala, le plus haut dignitaire chiite irakien, le grand ayatollah Ali al-Sistani, avait appelé la population – sans distinction confessionnelle ni politique – à s'enrôler dans les forces de sécurité.

Mais avec l'appel du chef Moqtada Sadr à mettre sur pied une armée parallèle, cette mobilisation franchit un cran supplémentaire. Elle place le gouvernement irakien dans une situation délicate, car elle souligne la division confessionnelle dans le pays au moment où le président chiite Nouri al-Maliki est sous pression pour mettre en place un gouvernement incluant les composantes sunnites de l'opposition. 

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