Avec notre correspondant au Caire,François Hume-Ferkatadji
Sur la place el-Gezirah, des manifestants se tiennent au milieu de la circulation, pancartes en mains. « Ne me dites pas comment m’habiller, dites-leur de ne pas me violer », peut-on lire sur celle de Sara. « J'essaye de faire entendre cette cause pour pousser la société égyptienne à regarder en face ce problème, ce phénomène néfaste, explique-t-elle. Être harcelée sexuellement ou verbalement, je ne suis pas d'accord, je veux vivre en sécurité. »
Il y a une semaine, la diffusion sur internet d’une agression sexuelle place Tahrir a profondément heurté. « Nous avons toutes pleuré quand nous l'avons vu, parce que personne ne veut être dans cette situation, s'indigne Sara, que cette vidéo a secouée. Ça me met dans une colère noire comme toutes les femmes égyptiennes, et puis nous savons qu'il ya des agressions comme ça tous les jours, c'est juste qu'elles ne sont pas toujours filmées. »
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Quelques hommes, peu nombreux, ont tenté de se joindre au mouvement. « Je suis là parce que j'ai une sœur, s'insurge Ahmed, et ces histoires de viols ont assez duré. Le plus grand problème c'est qu'avec cette mentalité, ils pensent qu'ils sont des hommes quand ils font ça. Je suis là pour leur dire que non, ce n'est pas vrai. Mais nous devons être aidés par le gouvernement. »
Ce dernier vient de faire adopter une loi historique punissant pour la première fois harcèlement sexuel en Egypte. Les associations demandent qu’elle intègre la notion de viol collectif.