Sur les hauteurs de Hébron, écrit notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon, de nombreuses forces de sécurité sont déployées. Des dizaines de militaires se sont installés sous des tentes. Il y a des armes pointées sur la ville palestinienne. La tension est palpable et la presse n’a pas le droit de s’arrêter ici.
La nuit dernière, des dirigeants palestiniens ont été arrêtés, dont des dirigeants du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle Gaza mais qui est aussi présent à Hébron.
L'ONU condamne
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a accusé directement ce 15 juin le Hamas d’être derrière l’enlèvement des trois adolescents. Au Gush Etzion, ce bloc de colonies implantées en Cisjordanie où étudiaient les adolescents dans une école religieuse, il y avait ce dimanche une prière. Des étudiants étaient là, les parents aussi, très inquiets pour la sécurité de leurs enfants, au milieu de ces constructions illégales au regard du droit international.
Le secrétaire général de l'ONU a condamné ce dimanche l'enlèvement des trois jeunes Israéliens. Ban Ki-moon appelle toutes les parties d'agir avec mesure. De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé qu'il y a de « nombreux indices » qui indiquent une implication du Hamas dans l'enlèvement des trois adolescents. L'un des jeunes serait de nationalité américaine, selon les médias israéliens.
Ne laisser passer personne
Les militaires israéliens bloquent les accès de la ville d'Hébron, nous dit de son côté Nicolas Ropert, notre envoyé spécial dans la cité. Ils ont comme consigne de ne laisser passer personne. Une petite route a cependant été oubliée. A l'intérieur de la ville des soldats patrouillent, pénètrent dans les maisons, d'autres sont sur les toits. Rawhi, sa femme et leurs trois enfants ont été réveillés à 4 h du matin : « Les soldats israéliens sont entrés chez nous, ils nous en enfermés les garçons d'un côté et les filles de l'autre. Et ils ont tout fouillés, il y avait même des chiens. Ils ont été jusqu'à rechercher dans mon atelier qui se trouve en bas. »
Encore sous le choc ce père de famille ne pensait pas pouvoir être soupçonné. Tout le monde paie pour ces enlèvements, regrette Jawad Abu-Aisheh, responsable d'une organisation de jeunesse opposé à la présence israélienne en Cisjordanie : « Vous savez, nous vivons déjà sous occupation. Mais en fermant toutes les routes, c'est comme s'ils nous mettaient tous en prison. Ils ne laissent pas rentrer les camions de nourriture, ni les matériaux. Nous sommes en état de siège : cela montre juste qu'ils veulent tuer la ville ».
L'ambiance est très tendue. Au moins 80 Palestiniens dont un grand nombre de responsables du Hamas, le parti islamiste, ont été arrêtés depuis ce samedi.
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